titre original | "True Detective" |
année de production | 2015 |
réalisation | John Crowley, Justin Lin, Daniel Attias, Janus Metz, Jeremy Podeswa, Miguel Sapochnik |
scénario | Nic Pizzolatto et Scott Lasser |
photographie | Nigel Bluck |
musique | T Bone Burnett |
interprétation | Colin Farrell, Rachel McAdams, Taylor Kitsch, Kelly Reilly, Vince Vaughn |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Après le succès en 2014 de "True Detective", la série imaginée par Nic Pizzolatto et diffusée par HBO, le concept est décliné dans la foulée sur une deuxième saison, toujours écrite par Pizzolatto, mais qui n’invite à son casting aucun des acteurs principaux de la saison 1. On quitte la Louisiane pour le comté de Ventura près de Los Angeles, et le duo formé par Matthew McConaughey et Woody Harrelson est remplacé par un trio de flics émanant de trois brigades différentes, interprétés par Colin Farrell, Rachel McAdams et Taylor Kitsch.
Le meurtre d’un gérant municipal retrouvé sur une aire d’autoroute atrocement mutilé va progressivement diriger l’intrigue vers les pratiques mafieuses qui gangrènent toute une région, autour d’un projet de voie ferroviaire qui attise tous les appétits. Contrairement à la première saison, dont l’ensemble des épisodes avait été réalisé par Cary Joji Fukunaga, la deuxième invite différents metteurs en scène sans que l’unité graphique ou narrative n’en souffre. Si encore une fois, les deux premiers épisodes n’offrent pas une lisibilité permettant au spectateur de s’impliquer d’emblée, les choses se mettent progressivement en place autour d’une intrigue se nourrissant au lait de la corruption à tous les étages, des parcours personnels torturés, du sexe dévoyé, des addictions, de la vengeance, ou de la trahison, mais aussi de certains principes ayant trait à l’honneur, qui jaillissent de-ci de-là pour éviter de plomber définitivement une atmosphère déjà très viciée. Les plans aériens des nœuds autoroutiers qui scandent l’action sont comme autant de rappels de l’inextricabilité des jeux de pouvoir, de sexe et d’argent qui rythment la vie de la grande mégalopole qu’est Los Angeles.
Les acteurs, comme souvent dans les séries américaines, sont très impliqués, avec une mention spéciale pour Vince Vaughn, plutôt habitué à œuvrer dans le domaine comique, qui livre une interprétation très subtile du personnage le plus complexe de cette deuxième saison. Son autorité est impressionnante, rappelant par instants celle qu’imprimait le grand Orson Welles à chacune de ses prestations. Colin Farrell, certes convaincant, a toujours du mal à se délester de sa tendance au cabotinage. Rachel McAdams, Kelly Reilly et Taylor Kitsch sont, quant à eux, très justes.
Une deuxième saison assez captivante, qui se bonifie au fil des épisodes, sans éviter pour autant une fin un peu convenue et, à certains égards, grandiloquente.