titre original | "True Detective" |
année de production | 2014 |
réalisation | Cary Joji Fukunaga |
scénario | Nic Pizzolatto |
photographie | Adam Arkapaw |
musique | T Bone Burnett |
interprétation | Matthew McConaughey, Woody Harrelson, Michelle Monaghan, Tory Kittles, Kevin Dunn, Glenn Fleshler |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Les séries sont, depuis une quinzaine d'années, la nouvelle source de créativité du cinéma américain venant au secours du grand écran embourbé dans les reboots, préquelles ou adaptations de comic books. "True Detective", conçue par Nic Pizzolatto, propose astucieusement, sur une durée de neuf heures, une véritable synthèse du genre thriller à partir des recettes concoctées et popularisées par les Michael Mann ("Le Sixième Sens"), Jonathan Demme ("Le Silence des agneaux"), Quentin Tarantino ("Pulp Fiction") et autres David Fincher ("Seven" et "Zodiac").
L'intrigue, glauque et plutôt filandreuse, se déroule dans la Louisiane post-Katrina, mélangeant abus sexuels sur fond de fanatisme religieux. Le duo de flics inscrit dans le schéma traditionnel du buddy movie est porté par deux acteurs à leur meilleur. D'un côté, le charismatique Matthew McConaughey, nouvelle coqueluche d'Hollywood récemment oscarisé, qui apporte sa caution commerciale, et de l'autre, le très solide Woody Harrelson, qui n'arrête pas d'effectuer son retour depuis ses débuts fracassants dans "Tueurs nés" en 1994.
La mise en place des personnages, qui s'étend sur un prologue assez plombant de deux épisodes, nous fait un moment penser que le dithyrambe qui entoure la série est un peu surfait, tant les scènes semblent s'étirer pour entrer dans le format des neuf heures. Heureusement, les choses s'arrangent ensuite grâce à la progression de l'intrigue, rendue malgré tout un peu confuse par des sauts temporels (l'enquête se poursuit sur quinze ans) pas toujours harmonieusement explicités. Mais le réalisateur Cary Joji Fukunaga s'en sort plutôt bien aux manettes pour apporter la dose de suspense utile aux moments paroxystiques.
On se prend donc au jeu de ce mélange touffu entre enquête policière et tracas psychologiques du duo, qui progressivement, prennent le pas sur une intrigue devenue au final un peu secondaire. À ce jeu-là, les deux acteurs s'en donnent à cœur joie, cabotinant à qui mieux-mieux, notamment un McConaughey tombé, depuis "Dallas Buyers Club", dans la marmite du transformisme physique, marque des grands acteurs hollywoodiens depuis Robert De Niro dans "Raging Bull".
L'exercice de style est donc réussi, même s'il n'est pas aussi original qu'annoncé. Les élucubrations philosophiques des deux flics tout au long de leurs échanges valent à elles seules le déplacement.