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H. P. Lovecraft et le cinéma américain des années 60-2010

Lovecraft
H. P. Lovecraft © Graham Humphreys
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Couverture du numéro du magazine L'Écran Fantastique Vintage consacré à H.P. Lovecraft à l'écran
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Couverture du numéro de décembre 2019 du magazine Mad Movies

Howard Phillips Lovecraft (1890-1937), plus connu sous l'appellation H. P. Lovecraft ou même HPL, écrivain américain, est l'un des représentants majeurs de la littérature fantastique et d'épouvante du XXe siècle.

Malgré un grand nombre de nouvelles écrites (une soixantaine), Lovecraft ne fait pas partie des auteurs les plus adaptés au cinéma. Cela tient sans doute au fait que l’ambiance oppressante dans ses œuvres est difficile à retranscrire sur un écran et que ses nombreuses descriptions parfois très denses n’en font pas des histoires immédiatement visuelles. Il avait aussi pour habitude de suggérer l’horreur plutôt que de la montrer, et son univers n’est pas des plus sanglants non plus. Plusieurs réalisateurs s’y sont essayés, certains avec plus de succès que d’autres, et les adaptations les plus réussies sont probablement les films de Stuart Gordon et Brian Yuzna.

Les premières adaptations de Lovecraft au cinéma datent des années 60 :
• "La Malédiction d’Arkham" ("The Haunted Palace", 1963, Roger Corman), d'après la nouvelle "L'Affaire Charles Dexter Ward"
• "Le Messager du diable " ("Die, Monster, Die!", 1965, Daniel Haller), d'après la nouvelle "La Couleur tombée du ciel"
• "La Malédiction des Whateley" ("The Shuttered Room", 1967, David Greene)
• "La Maison ensorcelée" ("Curse of the Crimson Altar" ou "The Crimson Cult", 1968, Vernon Sewell), d’après la nouvelle éponyme

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Puis, en 1970, Daniel Haller réalise "Dunwich Horror", d'après la nouvelle "L’Abomination de Dunwich".

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Il faudra ensuite attendre 1985 pour voir de nouvelles adaptations, dont les meilleures sont probablement celles de Stuart Gordon (réalisateur) et Brian Yuzna (producteur).
Leur première collaboration, "Re-Animator", est un pur produit des années 80 en ce que le gore et l’érotisme y sont omniprésents. Il continue sur la lancée inaugurée par "Evil Dead" et "Le Retour des morts-vivants" et remplit tout aussi brillamment son contrat. Le scénario ne s’inspire que librement de l’histoire de départ (la nouvelle "Herbert West, réanimateur"). Un étudiant en médecine et son amie vont faire partie d’une expérience scientifique conduite par Herbert West qui consiste à réanimer les morts. Les résultats seront bien sûr des plus délirants, entre têtes coupées qui parlent, intestins qui se baladent et autres joyeusetés du même genre. Ce film est l’un des meilleurs films d’horreur des années 80, soutenu par le charismatique Jeffrey Combs, qui joue le rôle d’un Dr. Herbert West hystérique et intense.

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Pour "Aux portes de l'au-delà", Stuart Gordon bénéficiera des talents du scénariste Dennis Paoli ("Re-Animator"), qui saura faire de l'histoire originelle, "De l’au-delà", une nouvelle très courte et plutôt moyenne, un long métrage à l’ambiance glauque et hallucinante, parfaitement intégré à l’univers lovecraftien malgré la présence d’éléments de bondage et de gore explicite. Le professeur Praetorius conduit des expériences sur la glande pinéale, censée ouvrir l’esprit à des mondes parallèles. Ce thème occasionnant une lente descente dans la folie est central à l’œuvre de l’écrivain et parfaitement maîtrisé ici, malgré un léger arrière-goût d’"exploitation".

Bien entendu, au vu du succès de "Re-Animator", quelques réalisateurs peu connus se sont dit qu’ils pouvaient en faire autant.

"La Malédiction céleste" ("The Curse", 1987) de David Keith n’est pas des plus mauvais, puisqu’il s’inspire encore une fois de la nouvelle "La Couleur tombée du ciel" et que Maître Fulci est crédité comme producteur associé et responsable des effets spéciaux. Cela résulte bien sûr en des choses peu ragoûtantes, mais malgré ces écarts par rapport à l’univers lovecraftien, le métrage reste fidèle dans l’esprit.

Un réalisateur qui a eu beaucoup moins de chance, car beaucoup moins de moyens, est Jean-Paul Ouellette. Son film, "The Unnamable" (1988), est alourdi par trop de références à "Evil Dead" et un amateurisme évident tant au niveau des acteurs que du côté technique. La mythologie créée par Lovecraft ne se prête pas facilement à des films d’horreur teenage, suivant des formules plus que basiques. On n’en retiendra donc pas grand chose.

Dans les années 90, l’œuvre de Lovecraft reste une source d'inspiration pour le cinéma américain : 4 longs métrages, dont 2 suites de précédentes adaptations.

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1990
"Re-Animator II, la fiancée de Re-Animator"
la suite de "Re-Animator"
Brian Yuzna, producteur de "Re-Animator"
1992
"The Resurrected"
d'après la nouvelle "L'Affaire Charles Dexter Ward"
Dan O'Bannon
1993
"The Unnamable II: The Statement of Randolph Carter"
la suite de "The Unnamable"
Jean-Paul Ouellette, réalisateur de "The Unnamable"
1995
"Castle Freak"
d'après la nouvelle "The Outsider"
Stuart Gordon, réalisateur de "Re-Animator"

Après un passage à vide au cours des années 2000, 2 nouvelles adaptations de Lovecraft voient le jour : "The Whisperer in Darkness" en 2011 (d'après la nouvelle éponyme) et "Color Out of Space" en 2019 (quatrième adaptation de la nouvelle "La Couleur tombée du ciel").