titre original | "The Grand Budapest Hotel" |
année de production | 2014 |
réalisation | Wes Anderson |
scénario | Wes Anderson |
photographie | Robert D. Yeoman |
musique | Alexandre Desplat |
costumes | Milena Canonero |
interprétation | Ralph Fiennes, F. Murray Abraham, Mathieu Amalric, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Harvey Keitel, Jude Law, Bill Murray, Edward Norton, Saoirse Ronan, Jason Schwartzman, Léa Seydoux, Tilda Swinton, Tom Wilkinson, Owen Wilson |
récompenses | • Oscar de la meilleure musique de film |
• Oscar des meilleurs décors | |
• Oscar des meilleurs maquillages et coiffures | |
• Oscar de la meilleure création de costumes | |
• Grand prix du jury au festival international du film de Berlin 2014 |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Wes Anderson a un univers bien à lui que d'aucuns apprécient, car marqué du sceau de l'enfance, refuge un peu illusoire mais rassurant en ces temps de crise identitaire où tout semble partir à veau l'eau. Un peu plus ambitieux et moins onirique qu'à l'accoutumée, Anderson s'attaque ici à la grande histoire, qu'il revisite à travers une vision fantasmée d'un palace de Budapest, vestige de l'empire austro-hongrois plongé dans la tempête d'une Deuxième Guerre Mondiale qui ici ne porte pas clairement son nom.
Si le réalisateur change radicalement de milieu ou d'époque à chacun de ses films, il y applique méticuleusement la même imagerie depuis "La Vie aquatique" (2004), s'entourant d'une équipe inchangée avec Robert D. Yeoman à la photographie, Milena Canonero aux costumes et Adam Stockhausen aux décors. Cette pérennité collaborative a pour fonction première de transplanter le spectateur dans un univers connu qui, tout en lui permettant de voyager loin, lui évitera les désagréments d'un trop grand dépaysement. Anderson, qui a gardé son âme d'enfant, sait que celle-ci peut vite être terrorisée par une réalité trop crue, d'où ce filtre intercalé par le biais de l'imaginaire.
Une fois ses spectateurs embarqués dans le train, Anderson prend les commandes et concocte comme à son habitude une histoire faite de mises en abyme, de chasses au trésor, de fuites à travers des souterrains toujours éclairés et de courses poursuites dans une nature féerique. La mécanique est formidablement huilée, trop bien peut-être même à certains moments, où comme un enfant pris de tournis à bord d'un manège, on aurait envie de pouvoir laisser reposer nos yeux, certes ébahis, mais un peu saturés d'images qui défilent trop vite.
C'est la limite de l'exercice proposé par Anderson, qui peut toujours compter sur un défilé de stars trop heureuses de venir s'ébattre, même un court instant, dans la cour de récréation tenue par ce conteur échevelé. Combien de temps la magie du cinéma d'Anderson, plus mécanique et régressive que celle de son collègue Michel Gondry, pourra-t-elle émerveiller ? La question est posée en ces temps où tout finit par lasser. Pour le moment, ne boudons pas notre plaisir, elle fonctionne encore fort bien.





Les films de Wes Anderson © Faboolis