From the creator of "Terminator 2" and the director of "Point Break"
titre original | "Strange Days" |
année de production | 1995 |
réalisation | Kathryn Bigelow |
scénario | James Cameron et Jay Cocks |
montage | Howard E. Smith |
photographie | Matthew F. Leonetti |
interprétation | Ralph Fiennes, Angela Bassett, Juliette Lewis, Tom Sizemore, Vincent D'Onofrio |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Depuis "Démineurs", Kathryn Bigelow a atteint une notoriété qui n’était pas acquise si l'on en juge par sa carrière relativement limitée de réalisatrice (9 films en 30 ans). À l’aube du deuxième millénaire, aidée de son ex-mari James Cameron, spécialiste du film musclé d’anticipation, elle se lance dans l’aventure de "Strange Days" qui, au-delà de prévoir un futur proche assez apocalyptique, concentre son propos sur la faculté offerte grâce au procédé SQUID de faire revivre à n’importe quel quidam les sensations ressenties par un autre lors de la réalisation d’un exploit.
Une idée assez géniale, qui permettrait de pouvoir se mettre en lieu et place d’un marathonien en train de battre son record ou d’un alpiniste domptant l’Everest. Ainsi, chacun pourrait au cours de son existence goûter à tous les plaisirs et toutes les émotions. Une bonne manière de pouvoir démocratiser certains loisirs inaccessibles. Mais comme toujours, c’est le glauque qui fait immédiatement recette et Lenny Nero (Ralph Fiennes), ex-flic reconverti, l’a bien compris, qui propose à une riche clientèle déjà repue de sensations fortes de s’offrir de l’adrénaline et du sexe à bon compte à partir de clips montés de toute pièce.
Partant de cette idée de base aux moult possibilités scénaristiques, Bigelow nous offre une course poursuite haletante dans un Los Angeles qui peut-être vu comme une préfiguration de celui décrit par Ridley Scott dans son fameux "Blade Runner". "Strange Days" n’a pas la froide poésie de "Blade Runner" inspirée par la photographie bleu acier de Jordan Cronenweth et la bande-son cosmique de Vangelis qui laisse deviner une société où l’humain n’a plus vraiment sa place. Chez Bigelow, le système n’a pas encore été jusqu’au bout de sa décadence pour passer à l’étape suivante où les machines régiront les comportements quotidiens. C’est donc une image syncopée sur les rythmes endiablés de Deep Forest et de Shunk Anansie qui nous emmène dans les tréfonds d’une mégapole en fusion où les repères disparus conduisent l’homme vers une destinée que l’on pressent plus que sombre.
Bigelow marie à merveille le film d’anticipation avec le thriller pour notre plus grand plaisir, même si quelques fois Ralph Fiennes semble un peu en sur-régime, au contraire d’une Juliette Lewis ou d’une Angela Bassett tout à fait raccord la vision allumée d’un James Cameron décidément très à l’aise dans la transcription cinématographique de la science-fiction.
Une très belle réussite qui préfigurait de la capacité de Kathryn Bigelow à s’affronter à des projets ambitieux.
Les films de Kathryn Bigelow © Faboolis
La chronique de Gilles Penso