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"Panique dans la rue"

Panique dans la rue - affiche

titre original "Panic in the Streets"
année de production 1950
réalisation Elia Kazan
scénario Richard Murphy, d'après une histoire originale de Edna Anhalt et Edward Anhalt
photographie Joseph MacDonald
musique Alfred Newman
production Sol C. Siegel
interprétation Richard Widmark, Paul Douglas, Barbara Bel Geddes, Jack Palance, Zero Mostel, Elia Kazan (non crédité)
 
récompense Oscar de la meilleure histoire originale

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Un restaurateur grec, une poignée d'émigrés clandestins, voilà les seuls éléments qui puissent permettre de rattacher "Panique dans la rue" au reste de l'œuvre d'Elia Kazan. Mais attention, si cet exercice de style n'est pas très personnel, il n'en reste pas moins fort agréable à regarder. C'est avant tout un excellent polar : exposition concise, narration rapide, montée progressive de la tension, chasse à l'homme finale font de "Panique dans la rue" un film de gangsters efficace au rythme soutenu. Mais il y a mieux : avec l'apparition de Reed (Richard Widmark, très à l'aise dans l'un de ses premiers rôles sympathiques), le film purement policier se double d'un document néo-réaliste à préoccupations sociales. Le ressort dramatique est pour le moins inattendu mais très intéressant : il s'agit d'enrayer une épidémie potentielle de peste pulmonaire. Il nous est aussi donné de voir fonctionner les services de l'hygiène américains. Par la même occasion, la caméra de Joe MacDonald fixe en noir et blanc fort contrasté la ville de La Nouvelle-Orléans dans ses aspects les moins séduisants mais les plus réalistes. Widmark jouant les "gentils", les rôles de "méchants" sont allés à deux nouveaux venus : Jack Palance, dont le faciès en lame de couteau glaça ceux qui le voyaient pour la première fois, et Zero Mostel, type du demi-sel rondouillard, brave quand il n'y a pas de danger, suant de peur à la moindre alerte. Au final, un bon film d'atmosphère et d'action qui souffre néanmoins d'un ou deux défauts mineurs : les scènes conjugales ennuyeuses, quelques invraisemblances, ainsi qu'une regrettable absence de la population noire de La Nouvelle-Orléans.

Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon

Épidémie et chasse à l'homme à La Nouvelle-Orléans. Tourné sur les lieux en toute liberté par Elia Kazan, qui se libère de l'académisme de ses premiers films et découvre "le pur plaisir de filmer".

Extrait de la chronique de Bertrand Tavernier du 29 janvier 2021

"Panique dans la rue" est pour moi le meilleur Kazan de la première époque avec "Le Lys de Brooklyn". Très supérieur à "Boomerang", terne et conventionnel, à "Pinky" et au "Mur invisible", mise en cause démodée de l’antisémitisme. Le tournage en extérieurs à La Nouvelle-Orléans stimule Kazan : la photo de Joe McDonald est aussi impressionnante et audacieuse que chez Hathaway. Kazan, sous l’influence de Ford, impose des plans longs aussi bien dans les scènes intimes et familiales, toutes réussies, que dans les séquences d’enquête où Widmark et Paul Douglas, tous deux exceptionnels, côtoient des dizaines de protagonistes pittoresques, effrayants, dangereux, dans des décors étonnants de vérité : chambres crasseuses d’hôtels, restaurants de bas étage, salle d’embauche dans les docks. C’est le premier film où Kazan se penche sur son passé et met en scène des Grecs, des Arméniens et nombre de migrants étrangers dont des Asiatiques. On a beaucoup dit que cette menace de transmission du virus de la peste que faisaient peser ces étrangers symbolisaient le communisme, mais je pense qu’il faut relativiser et se dire d’abord que ces constatations renvoient à des faits authentiques. C’est hélas à travers cette population que le virus peut naitre et se propager vu l’absence de tout contrôle sanitaire. Et le cinéaste n’est pas tendre vis à vis des représentants officiels qui font preuve de la même ignorance, de la même myopie et arrogance que l’administration et les fidèles de Trump.

Panique dans la rue - affiche espagnole
Affiche espagnole de "Panique dans la rue" © Josep Soligó Tena