titre original | "Being Flynn" |
année de production | 2012 |
réalisation | Paul Weitz |
scénario | Paul Weitz, d'après le livre "Another Bullshit Night in Suck City" de Nick Flynn |
interprétation | Robert De Niro, Paul Dano, Julianne Moore, Lili Taylor, Wes Studi |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Les projets ambitieux dans lesquels s'engage Robert De Niro sont suffisamment rares depuis plus de quinze ans pour que l'on ne salue pas cette chronique douce amère sur le destin contrarié d'un père et d'un fils, qui apprennent à se connaître alors que le géniteur semble avoir atteint le terminus de sa vie d'errance dans un asile pour sans abri où justement travaille son fils qu'il n'a pas vu depuis plus de 18 ans.
Paul Weitz, plus connu pour ses comédies, a déjà dirigé De Niro dans le dernier et le moins bon épisode de la saga "Mon beau-père et moi". Le réalisateur, tout en abordant la relation avortée entre un père et son fils, profite de l'occasion pour évoquer dans "Monsieur Flynn" le sort des laissés pour compte dans les grandes mégalopoles américaines. Le film dresse en parallèle, d'une manière parfois touchante mais souvent maladroite, le portrait de l'écrivain autoproclamé Jonathan Flynn et de son fils Nick (Paul Dano), qui se cherche une voie après une enfance chaotique.
Malheureusement, Weitz n'a pas réussi à ôter au grand acteur les tics de jeu qu'il a développés avec le temps et l'abus de comédies trop formatées comme les sagas "Mafia blues" ou "Mon beau-père et moi". Tics nés d'une auto-parodie permanente par De Niro de ses plus grandes performances, au premier rang desquelles son rôle de Travis Bickle dans "Taxi Driver". Il est quand même dommage que ce soit le grand Robert De Niro en personne qui, par instant, mette par terre tout le travail de ses partenaires par des excès de gesticulation, qui parasitent tout l'écran le temps de certaines scènes paradoxalement destinées à mettre son talent en avant.
Il est vraiment temps que l'acteur, qui entame la phase ultime de sa carrière, reprenne les choses par le bon bout en revenant aux fondamentaux, comme l'on dit toujours dans ces cas-là. En France, Gérard Depardieu est exactement frappé du même syndrome, semblant, lui, par moment, complètement absent, ce qui n'est pas le cas de l'Américain au professionnalisme jamais pris en défaut.
Paul Dano au physique atypique confirme, quant à lui, toutes les promesses qu'il a fait naître depuis son rôle de prédicateur aux côtés de Daniel Day Lewis dans "There Will Be Blood" de Paul Thomas Anderson.