« I thank God I have none of you in me. »
titre original | "There Will Be Blood" |
année de production | 2007 |
réalisation | Paul Thomas Anderson |
scénario | Paul Thomas Anderson, d'après le roman "Pétrole !" ("Oil!") de Upton Sinclair (1927) |
photographie | Robert Elswit |
musique | Jonny Greenwood |
production | Paul Thomas Anderson, Daniel Lupi et JoAnne Sellar |
interprétation | Daniel Day-Lewis, Dillon Freasier, Paul Dano, Ciarán Hinds |
récompenses | • Oscar du meilleur acteur pour Daniel Day-Lewis |
• Oscar de la meilleure photographie | |
• Ours d'argent du meilleur réalisateur au festival international du film de Berlin 2008 | |
• Ours d'argent pour le compositeur Jonny Greenwood au festival de Berlin 2008 |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Paul Thomas Anderson est un cinéaste très éclectique passant de l’univers du porno des seventies à celui des pionniers du boom pétrolifère du début du XXe siècle. Daniel Day-Lewis oscarisé pour l’occasion, donne vie à un personnage très complexe qui ne semble vivre que pour la découverte sans jamais jouir de sa réussite.
D’abord chercheur d’or, il connaît une petite réussite à la toute fin de la fameuse ruée des années 1880. Il sera plus heureux avec le pétrole avec lequel il parvient à rivaliser avec les grands trusts. Le film nous montre l’aventure de cet homme solitaire qui, hormis son travail, n’a pas de vie privée. Le seul moment où il montrera son humanité lui laissera un goût amer, puisqu’il sera victime d’un usurpateur qui se fait passer pour son frère. Ayant tué le malfrat, il plonge un peu plus dans l’alcool qui lui tient lieu de seule compagnie. Devenu vieux, il ira même jusqu’à renier celui qui croyait être son fils, à qui il révèle qu’il l’a adopté pour mieux amadouer les fermiers à qui il voulait acheter leur terrain pour en exploiter le sous-sol. Tout au long du film, il nouera une relation ambivalente avec un apprenti prêcheur qu’il juge son égal dans la recherche de la réussite. Au bout du rouleau et seul dans sa vaste demeure, il tuera le prêcheur revenu solliciter son aide.
Anderson nous dresse le portait d’un misanthrope assumé qui, fatalement, nous laisse un peu à distance. Quelles sont les blessures secrètes de cet homme ? À aucun moment, le film ne nous apporte un début de réponse, se contentant de nous laisser face à son personnage principal en action. C’est au spectateur que revient de tenter de saisir l’âme de cet homme qui aura passé sa vie seul alors que tout lui réussissait. Cette quête un peu vaine est remarquablement servie par un Daniel Day-Lewis (l'Oscar a été au rendez-vous) au sommet de son art et une photographie sublime de Robert Elswit, compagnon de route d'Anderson.
L'avis d'Arnaud sur la bande originale
La partition du britannique Jonny Greenwood compte au nombre des singularités magnifiques de "There Will Be Blood". Dès les premières images, le crescendo dissonant des cordes fixe l'attention, aux antipodes des arrangements fonctionnels et lénifiants ou des compilations de chansons populaires auxquels recourent la plupart des metteurs en scène hollywoodiens.
Jonny Greenwood est aussi guitariste du groupe Radiohead. Avant de rejoindre la formation de Thom Yorke, il a étudié la composition à Oxford. Quand le groupe lui laisse un peu de liberté, il compose des œuvres pour orchestre. On entend l'une d'elles, "Popcorn Superhet Receiver", au début du film. Son utilisation, jointe à celle de deux partitions du répertoire, le concerto pour violon de Brahms et une pièce d'Arvo Pärt, a disqualifié la partition de Greenwood pour l'Oscar de la meilleure musique originale...
La critique de Pierre
C'est super. Daniel Day-Lewis est dément, il est de chaque scène et il est le sujet principal de toutes les scènes. Ça donne 2h40 de DDL dans un rôle vraiment en or massif.
C'est ambitieux, intéressant, original. Le production design est magnifique, surtout dans la dernière partie (la plus réussie à mon avis). Je suis plus réservé sur la musique, qui perpétue les expériences dissonantes de "Punch-drunk love" : il y a des moments où elle est extraordinaire et d'autres où je l'ai trouvée franchement irritante (c'est sans doute voulu).
Au final : faut le voir, c'est sûr.
Les films de Paul Thomas Anderson © Faboolis
La critique de Bertrand Mathieux