titre original | "Money Monster" |
année de production | 2016 |
réalisation | Jodie Foster |
photographie | Matthew Libatique |
interprétation | George Clooney, Julia Roberts, Jack O'Connell, Dominic West, Giancarlo Esposito |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Quoi qu'on en dise, Hollywood, avec toute la soumission au business qui accompagne le cinéma qu'elle propose, reste paradoxalement encore à ce jour la plus encline à dénoncer les tares de la société capitaliste. Pour ce qui est des médias tous puissants, rien de tel qu'un Sidney Lumet avec "Network" en 1976, un Martin Scorsese avec "La Valse des pantins" en 1982 ou encore, plus récemment, Dan Gilroy avec "Night Call" (2014) pour anticiper l'évolution vers toujours plus d'exhibitionniste dans le traitement de l'information.
Jodie Foster, qui n'a pas sa langue dans sa poche, fait avec "Money Monster", sa quatrième réalisation, d'une pierre deux coups en dénonçant frontalement la collusion d'intérêts entre le monde des médias et le cœur battant du capitalisme représenté par Wall Street. C'est George Clooney, toujours prompt à bousculer son image de séducteur, qui accepte de camper un animateur de télévision usant de tous les stratagèmes pour faire croire aux millions de téléspectateurs qui le regardent que la bourse est un exercice simple comme bonjour et surtout sans risque et à la portée de chacun.
Le tout serait plutôt sympathique si l'exercice complètement fantaisiste était systématiquement pris au second degré. Mais voilà, certains peuvent prendre au sérieux et à la lettre les conseils de Lee Gates (George Clooney), allant jusqu'à miser l'héritage que vient de leur léguer leur mère défunte pour sortir de leur condition misérable. C'est exactement ce qui vient d'arriver à Kyle Budwell (Jack O'Connell) lorsqu'il décide de prendre en otage l'animateur qui lui a conseillé, quelques semaines plus tôt, de tout miser sur une société spécialisée dans la spéculation boursière à hauts risques basée sur un algorithme de sa fabrication.
Jodie Foster, très imprégnée de son message, pousse à fond sa démonstration au risque de sacrifier une partie de la crédibilité de son récit. Mais la présence de Julia Roberts et de George Clooney à ses côtés suffit à rendre l'ensemble sympathique, notamment grâce à la bonne dose de dérision insufflée au personnage de Lee Gates. On ne s'ennuie donc pas une seconde, même si "Money Monster" n'a pas la force des trois films cités plus haut.