titre original | "The Pope of Greenwich Village" |
année de production | 1984 |
réalisation | Stuart Rosenberg |
scénario | Vincent Patrick, d'après son propre roman éponyme |
photographie | John Bailey |
musique | Dave Grusin |
interprétation | Eric Roberts, Mickey Rourke, Daryl Hannah, Geraldine Page, Kenneth McMillan, M. Emmet Walsh, Burt Young, Tony Musante, Philip Bosco, Val Avery, Tony Lip |
Le titre du film
Greenwich Village, ou The Village comme l'appellent la plupart des New-Yorkais, est un quartier essentiellement résidentiel de la ville de New York, situé dans le sud-ouest de l'arrondissement de Manhattan.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Stuart Rosenberg, réalisateur de seulement une quinzaine de films en trente ans de carrière, est réputé être un tâcheron qui aura surtout eu la chance de croiser sur son chemin Paul Newman, avec lequel il fera quatre films.
Si "Luke la main froide" (1967) reste son fait d’armes, quelques-uns de ses travaux dont "Le Pape de Greenwich Village" sont tout à fait dignes d’intérêt, même s’il faut reconnaître qu’aucune ligne directrice n’émerge réellement d'une filmographie assez erratique, pourtant précédée d’un solide parcours à la télévision ("Les Incorruptibles", "Rawhide", "Twilight Zone").
Tiré du roman homonyme de Vincent Patrick, le film, initialement prévu pour Al Pacino et Robert De Niro et devant être dirigé par Michael Cimino, sera finalement confié à Stuart Rosenberg encore auréolé du succès d’estime recueilli par "Brubaker", brûlot carcéral avec Robert Redford tiré d’un fait réel. Mickey Rourke et Eric Roberts, encore sous le statut de jeunes pousses, apportent un coup de jeune au casting.
Dans Little Italy, Charlie (Mickey Rourke) et Paulie (Eric Roberts) sont deux cousins à la recherche de leur avenir qui enchainent les petits boulots. La proximité entre les deux jeunes hommes, leurs caractères réciproques et leur mode de vie évoquent une certaine parenté avec le couple formé par Robert De Niro et Harvey Keitel dans "Mean Streets" de Martin Scorsese, lui-même originaire du quartier. Paulie est l’élément turbulent du duo faisant écho au Johnny Boy de De Niro. Son inconscience lui fait penser que, né dans le quartier et d’origine italienne, rien de grave ne peut lui arriver, ce qui l’amène à multiplier les imprudences et les provocations dans lesquelles il entraine un Charlie, certes protecteur, car plus âgé, mais aussi chargé de famille ayant le projet d’ouvrir son propre restaurant en périphérie. Rosenberg joue adroitement de la relation agitée entre les deux hommes, faite de disputes et de réconciliations devant un bon plat de pâtes, pour nous livrer un portrait pittoresque mais assez peu réaliste de ce vieux quartier de New York où la communauté italienne a longtemps continué à vivre selon les traditions héritées du pays.
Imperceptiblement, les tocades de Paulie jamais réellement réprimées par Charlie mènent les deux hommes sur des chemins plus tortueux déjà fréquentés par les pontes de la mafia locale. C’est l’occasion pour Rosenberg d’apporter un peu d’action et de suspense à ce tableau tragi-comique en convoquant un casting de premier choix où œuvrent, en tête, la très grande Geraldine Page, proprement géniale en mère acariâtre de flic corrompu, et le très pathétique Kenneth McMillan, vieux perceur de coffres en quête de son dernier coup. Mais répondent aussi à l’appel les habituelles tronches des rôles de gangsters des seventies que sont les Burt Young, Tony Musante, M. Emmet Walsh, Philip Bosco, Val Avery et Tony Lip.
La musique de Frank Sinatra en toile de fond, et tout est en place pour une virée sympathique, mais plus que légèrement fantasmée, avec deux jeunes chiens fous dans un milieu new-yorkais aux méthodes parfois brutales mais encore paternalistes.