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"La Chevauchée des bannis"

La chevauchée des bannis - affiche

titre original "Day of the Outlaw"
année de production 1959
réalisation André De Toth
scénario Philip Yordan, d'après le roman de Lee E. Wells
photographie Russell Harlan
musique Alexander Courage
production Sidney Harmon (et Philip Yordan, non crédité)
interprétation Robert Ryan, Burl Ives, Tina Louise, Alan Marshal, David Nelson, Nehemiah Persoff

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Excellent western de série B : bon scénario, brillante interprétation (l'opposition Ryan-Ives et les mines patibulaires des bandits avec mention spéciale pour Jack Lambert) et splendides images (les chevaux qui s'enfoncent dans la neige).

Chronique no 25 du 2 juin 2009 de Bertrand Tavernier

Western insolite, et cela, dès les premiers plans. Deux cavaliers approchent dans une neige très épaisse d'un village. On a vu cette scène cent fois. Sauf que le village ou plutôt le hameau ne ressemble à aucun hameau de westerns. C'est un groupe de maisons construites n'importe où. Sauf que la neige semble paralyser les chevaux. Que De Toth n'insère aucun gros plan qui vienne rompre l'impression de solitude, de désolation. Et que la musique magnifique s'interrompt pour reprendre quelques secondes plus tard.
Il impose d’emblée un ton unique, un univers claustrophobique. Chaque entrée ou sortie de personnages est filmée de manière magistrale. "Day of the Outlaw" est un western austère, oppressant, rigoureux que l’on pourrait qualifier de Dreyerien, de par son ascétisme visuel, son climat étouffant, troué de quelques éclairs lyriques fulgurants. On n’est pas prêt d’oublier la séquence du bal durant laquelle une bande de déserteurs meurtriers, tous violeurs potentiels font valser les rares femmes (De Toth utilise tous les acteurs de seconds plans qu’il affectionne et Tina Louise a vraiment l’air terrorisée) sous le regard de leur chef qui est en train de mourir. La chevauchée du titre français est filmée dans d’extraordinaires extérieurs. Les chevaux s’enlisent dans la neige, un homme ne pourra appuyer sur la gâchette de son arme car ses doigts ont gelé. De Toth subvertit d’ailleurs le genre, réfute l’individualisme qui est son épine dorsale, confère à la Nature un pouvoir de mort autant que de rédemption. En fait, il partage avec d’autres cinéastes européens émigrés, Tourneur, Lang, Preminger, cette méfiance devant un cinéma affirmatif, positif à tout prix. Il s’ingénie à brouiller les cartes, à déplacer les centres d’intérêt, à traiter certains sujets par réfraction. La nudité du décor de "La Chevauchée des bannis" – le saloon / épicerie est sans doute l’un des plus pauvres de l’histoire du western. Il n’y a rien sur les murs et cette pauvreté, cette absence d’accessoire sonne incroyablement juste, la splendeur âpre des extérieurs, la sécheresse de la direction d’acteurs en font une œuvre aussi décalée, aussi révolutionnaire par rapport aux règles, aux clichés du genre, aussi originale que "Johnny Guitare".

Les chevauchées du cinéma américain

Nombreux sont les westerns américains comprenant le mot "chevauchée" dans leur titre, ce qui génère souvent quelques confusions. Il faut bien distinguer cette "Chevauchée des bannis" des films américains suivants :
• "La Chevauchée fantastique" ("Stagecoach") de John Ford avec John Wayne (1939)
• "La Dernière Chevauchée" ("The Last Posse") de Alfred L. Werker (1953)
• "La Chevauchée du retour" ("The Ride Back") avec Anthony Quinn (1957)
• "La Chevauchée de la vengeance" ("Ride Lonesome") de Budd Boetticher avec Randolph Scott (1959)
• "La Chevauchée des sept mercenaires" ("The Magnificent Seven Ride!") de George McCowan (1972)
• "La Chevauchée sauvage" ("Bite the Bullet") de Richard Brooks (1975)

La chevauchée des bannis - générique

Les critiques de films de Citizen Poulpe
La critique de Bertrand Mathieux