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"L'Heure magique"

heure magique - affiche

titre original "Twilight"
année de production 1998
réalisation Robert Benton
scénario Robert Benton et Richard Russo
photographie Piotr Sobocinski
musique Elmer Bernstein
interprétation Paul Newman, Susan Sarandon, Gene Hackman, Reese Witherspoon, Giancarlo Esposito, Liev Schreiber, M. Emmet Walsh, Jason Clarke

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

En 1998, Paul Newman, âgé de 73 ans, est en semi-retraite quand il collabore pour la deuxième fois avec Robert Benton, cinéaste à la filmographie très peu prolifique (onze films en trente-cinq ans de carrière), mais aussi rédacteur de la quasi-totalité de ses scénarios, particularité assez rare à Hollywood. Leur film précédent était une chronique intimiste sur le vieillissement et la famille.

"L’Heure magique" est un film noir dont le personnage principal, Harry Ross, tente la jonction entre Lew Harper, le détective que Newman a personnifié par deux fois dans sa jeunesse (dans "Détective privé" et "La Toile d'araignée"), et Sully Sullivan, le vieux rebelle d’"Un homme presque parfait" qui, tout comme Ross à la retraite, gagnait sa vie en faisant des petits boulots pour le compte d’un particulier. L’intrigue liée au passé qui ressurgit est en tout point classique, mais Benton mise plutôt sur le rendu d'une atmosphère étouffante pour capter l’attention du spectateur.

Une atmosphère qui tient au rythme lent imprimé volontairement au film et lié à l’âge des protagonistes, que Benton utilise à dessein pour charger ses personnages de blessures intérieures ou de handicaps les empêchant d’agir comme ils le souhaiteraient. Newman est tributaire du couple de stars bienfaiteur qui lui offre le gîte et le couvert contre menus travaux, Gene Hackman est miné par un cancer en phase terminale et Susan Sarandon est en proie à une sexualité qu’elle tente vainement de contenir.

Rien de tout cela ne peut donner un thriller classique, et c’est sans aucun doute ce qui a intéressé Benton et Richard Russo, son complice au scénario. Il est sûr que le rythme lent de "L’Heure magique", s’il est propice à diffuser une certaine moiteur et à sonder la psychologie des personnages, est en décalage avec la production du genre depuis les années 1990. Le film ne manque pourtant pas de charme si l’on veut bien se laisser bercer par la petite musique de Benton.