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"L'Avocat du diable"

« Didn't anyone ever say no to you before? »

avocat du diable - affiche

titre original "Guilty as Sin"
année de production 1993
réalisation Sidney Lumet
scénario Larry Cohen
photographie Andrzej Bartkowiak
musique Howard Shore
interprétation Rebecca De Mornay, Don Johnson, Stephen Lang, Jack Warden, Luis Guzmán

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Sur une astuce de scénario, le jeu du chat et de la souris - où la souris n'est pas toujours celle qu'on croit - est habilement mené par Lumet qui mêle, comme à son habitude, le suspense policier aux coups de théâtre du prétoire. Et ce, malgré une fin grandguignolesque et ridicule.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

"L'avocat du diable" est souvent évoqué comme une tâche sombre dans la carrière du grand réalisateur qu'était Sidney Lumet. Il est clair que ce thriller n'est pas du niveau des meilleures réalisations de Lumet, qui s'est régulièrement saisi du film de genre pour dénoncer la corruption minant les institutions régaliennes de son pays que sont la justice, la politique et la police. Comment agit et réagit l'homme face à cette corruption, qu'il soit dans ou en dehors du système ? Comment gérer toutes les contradictions qui en découlent quand celles-ci deviennent insurmontables ? La corruption n'est-elle pas consubstantielle à toute entreprise humaine ? Ce sont les principales questions que soulève de manière récurrente l'œuvre foisonnante de Lumet.

"L'avocat du diable", qui se veut un pur thriller sans substrat social ou politique, est sans doute un travail de commande de la part de Buena Vista Pictures destiné à profiter de la soudaine popularité acquise par Rebecca De Mornay suite au succès de "La main sur le berceau" de Curtis Hanson, sorti un an plus tôt et distribué par le même studio. Le scénario de Larry Cohen prévoyant des scènes de prétoire assez nombreuses ne pouvait que profiter du savoir-faire de Lumet dans le domaine.

Une jeune avocate brillante devient la proie de David Greenhill, un séducteur compulsif (Don Johnson) accusé d'avoir tué sa riche épouse. Ayant accepté par imprudence, mais aussi par vanité, d'assurer la défense de ce client sulfureux, la belle Rebecca va vivre un cauchemar. S'appuyant sur un scénario plus qu'improbable, le film a bien du mal à démarrer, et Don Johnson force la note plus que de mesure dans le registre du bellâtre libidineux. On craint donc le pire. Mais en vieux routier qu'il est, Sidney Lumet parvient à redresser la barre quand l'intrigue se fait plus complexe qu'attendue, insufflant au personnage de Greenhill une dimension diabolique pour le coup nettement plus intéressante.

Malgré un parcours chaotique, le film reste dans les clous du thriller de bonne facture. Plus de vraisemblance scénaristique et une plus grande finesse dans le personnage confié à Don Johnson auraient sans doute hissé le film dans une catégorie supérieure.

À ne pas confondre avec...

..."L'Associé du diable", film mettant également en scène un avocat, mais dans lequel le diable du titre n'est plus à comprendre au sens figuré du terme.