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"King Kong" version 2005

Return of the King

King Kong - affiche

titre original "King Kong"
année de production 2005
réalisation Peter Jackson
scénario Peter Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens
photographie Andrew Lesnie
musique James Newton Howard
interprétation Naomi Watts, Jack Black, Adrien Brody
 
récompense Oscar des meilleurs effets visuels
 
versions précédentes • "King Kong" d'Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, 1933
• "King Kong" de John Guillermin, 1976

La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

Interminable, surenchère permanente d’effets numériques, musique médiocre, mise en scène pompière sans aucune poésie.

Les références à Conrad : horrible ; l’idée de refaire le naufrage des "Canons de Navarone" : lamentable.

Archi nul et, en plus, ultra violent.

Revoir la version de De Laurentiis et Guillermin, la seule digne de ce nom !

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Le projet de remake de "King Kong", depuis longtemps dans les tiroirs de l'Universal, ne pouvait qu'échoir à Peter Jackson, lui-même grand fan du film de Schoedsack et Cooper, et devenu un réalisateur majeur d'Hollywood après avoir porté sur ses épaules la trilogie du "Seigneur des anneaux", tirée du roman de Tolkien prétendu inadaptable à l'écran. Tous les moyens sont fournis par le studio au réalisateur, qui choisit de tourner le film en Nouvelle-Zélande, dans son pays natal. Des plateaux gigantesques sont montés dans la baie de Wellington, et l'aventure peut commencer. Tout le monde est à la fois impatient de voir ce que les nouveaux effets spéciaux pourront apporter comme surplus de véracité à la gestuelle du grand singe, mais aussi inquiet de voir la magie du film initial se diluer dans une profusion de décors grandioses et de monstres en tous genres.

En 2005, les progrès des effets spéciaux étaient encore relativement récents, et Peter Jackson venait tout juste de montrer qu'il était un des plus aptes à en tirer le meilleur parti. Le film a été un énorme succès, sans toutefois soulever un enthousiasme critique unanime, quelques grincheux s'étant élevés contre l'ambiguïté de la démarche de Jackson qui hésitait, selon eux, entre l'hommage sincère à ses prestigieux devanciers et le recours opportuniste un peu trop voyant aux effets romantiques larmoyants utilisés par James Cameron dans son "Titanic" devenu record historique au box-office. Plus de dix ans sont passés depuis la sortie du film qui, au fil des sorties DVD, s'est vu rallongé de scènes inédites étoffant le bestiaire composant les ennemis de Kong sur "l'île du crâne". Il est donc temps de faire le point, maintenant que les effets spéciaux sont devenus monnaie courante au sein de la production hollywoodienne.

Une nouvelle vision de "King Kong" version 2005 confirme malheureusement les craintes des sceptiques de la première heure et, par la même occasion, Peter Jackson perd sans doute un peu de l'aura de créateur génial qui lui avait été un peu hâtivement attribuée. Le temps qui passe est impitoyable et révèle souvent des intentions jusqu'alors cachées par le contexte et l'émotion du moment. Ce qui frappe en premier lieu, c'est l'approche consensuelle du réalisateur qui, sans doute prisonnier des impératifs induits par son budget faramineux, cherche à plaire à tous les publics. Ainsi, l'incipit de près d'une heure, qui semblait déjà bien long lors de la première vision, se révèle aujourd'hui complètement indigeste et superfétatoire si ce n'est la volonté de s'appesantir lourdement sur la reconstitution léchée et coûteuse du New York des années 1930. Peter Jackson se perd dans des intrigues parallèles qui n'aident pas le spectateur à se mettre dans l'ambiance mystérieuse qui faisait tout le sel du film de 1933 et que même la version de John Guillermin (1976) réputée très faible avait pris soin de préserver.

Le jeu des acteurs pâtit bien sûr de cette trop longue introduction, qui ne nous rapproche jamais du sujet et revêt par instants un tour comique que l'on retrouvera malheureusement sur Skull Island. Heureusement, Kong reste très crédible, notamment lors de ses combats à mort avec ses redoutables adversaires, même si le parti a été pris de jouer à outrance la carte de l'anthropomorphisme. Ce n'est pas le cas de la pauvre Naomi Watts, à qui il est demandé de jouer à fond la carte de la séduction face à Kong, en effectuant des numéros de danse faussement lascifs frisant souvent le ridicule. Fay Wray, qui venait juste de mourir, n'avait donc rien à craindre.

Globalement, à trop vouloir surcharger la pellicule, Jackson ne profite pas des superbes paysages créés par les effets spéciaux, qui lui auraient permis de conserver l'esprit de Cooper et de Schoedsack en le baignant dans une tonalité encore plus sombre. Au lieu de cela, le réalisateur nous offre des courses de dinosaures inspirées de "Jurassic Park" complètement irréalistes, où Jack Black, en réalisateur avide de gloire, ne pense qu'à préserver sa caméra au détriment de la vie des hommes de son équipe.

On se dit alors que l'affaire est salement embarquée, mais heureusement, la conclusion finale magnifique à tous points de vue sauve l'essentiel. Kong et Naomi Watts, unis face à la folie destructrice de l'homme et après avoir partagé un moment de grâce sur un lac gelé de Central Park, se retrouvent au sommet de l'Empire State Building pour l'issue inéluctable et déchirante de cette folle aventure qui en dit long sur la domination sans partage que l'homme inflige au monde animal dont tous les territoires, on le sait bien, seront un jour dévastés. Retrouvant-là une forme de sobriété, Jackson démontre enfin le réel apport de la technologie et nous laisse avec le regret de ce qu'aurait pu être ce remake s'il avait été un peu moins soumis à la folie des grandeurs du studio et de son réalisateur fatalement un peu complice.

Couverture du numéro de janvier 2006 du magazine Cinefex
Couverture du numéro de décembre 2005 du magazine American Cinematographer
Couverture du numéro d'août 2005 du magazine Première

King Kong - générique

FilmsFantastiques.com, L'Encyclopédie du Cinéma Fantastique
La chronique de Gilles Penso