titre original | "Gloria" |
année de production | 1980 |
réalisation | John Cassavetes |
scénario | John Cassavetes |
photographie | Fred Schuler |
musique | Bill Conti |
production | Sam Shaw |
interprétation | Gena Rowlands, John Adames, Tom Noonan, Buck Henry |
récompense | Lion d'or à la Mostra de Venise 1980 (ex æquo avec "Atlantic City" de Louis Malle) |
remake | "Gloria" de Sidney Lumet, 1999 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Un bon film sur la Mafia, nerveux et violent, mais dont le style n'est pas celui du Cassavetes habituel, plus intellectuel. Toutefois, pourquoi bouder son plaisir ?
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Un Cassavetes relativement commercial, mais qui reste très personnel. Gena Rowlands, en justicière malgré elle, flingue des mafiosi aux quatre coins de New York, traînant derrière elle un moutard portoricain machiste et entêté.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
John Cassavetes, qui est depuis longtemps l’objet d’une vénération inconditionnelle (son cinéma n’est pas sans défaut) de la part d’une certaine critique intellectuelle, aura réalisé douze films en 25 ans. Chacun d’eux était une aventure collective en même temps qu’un combat. "Gloria", le dixième d’entre eux, ne devait pas être réalisé par Cassavetes, en charge du scénario seulement. Quand Barbra Streisand, pressentie pour le rôle principal, est remplacée par Gena Rowlands, celle-ci demande à son époux, qui l’a déjà dirigée à six reprises, de prendre les commandes.
L’histoire est centrée autour d’une call-girl entre deux âges, prenant sous son aile, au risque de sa vie, un petit garçon dont la sœur, les parents et la grand-mère ont été assassinés par la mafia à la suite de la disparition d’un carnet compromettant que le père, comptable de l’organisation, destinait au FBI. Omniprésente à l’écran et magnifiquement filmée par Cassavetes, Gena Rowlands peut, dans un rôle à sa mesure, montrer toute l’étendue de son talent. Mélange détonant de fragilité et de détermination, Gloria, une fois qu’elle a fait un choix, l’assume totalement et se donne tous les moyens pour la réussite, y compris jusqu’au coup de feu.
Gena Rowlands, dont le visage est scruté à la loupe par Cassavetes pour en saisir toutes les nuances, donne toute sa crédibilité à cette femme dont on ne parviendra jamais vraiment à percer les motivations profondes. La performance exceptionnelle de l’actrice atténue avec bonheur les errances narratives du scénario, qui ne tire malheureusement pas tout le parti d’un point de départ qui, s’il avait été mieux cerné, puis exploité, aurait fait de "Gloria" un must dans son genre.
Mais les préoccupations de John Cassavetes étaient autres, qui ne vibrait que pour l’exposition des fêlures de l’âme humaine qui était consubstantielle à son art. Pour ce polar, il n’a pas dérogé à la règle. Formidable message d’amour à la femme qui l’a accompagné jusqu’au bout de son parcours douloureux, "Gloria" doit être apprécié à cette aune. C’est d’ailleurs ce qui en fait tout le prix.
John Cassavetes et Gena Rowlands
"Gloria" est le neuvième film sur lequel le couple à la ville a travaillé ensemble, après "Shadows" (1958), "Un enfant attend" (1963), "Faces" (1968), "Les Intouchables" (1969), "Ainsi va l'amour" (1971), "Une femme sous influence" (1974), "Un tueur dans la foule" (1976) et "Opening Night" (1977). Suivront "Tempête" (1982) et "Love Streams - Torrents d'amour" (1984). Sur ces onze films, huit ont été réalisés par Cassavetes.
Référence
Dans l'épisode 5 de la mini-série américaine "The Penguin" (2024), spin-off du film "The Batman", on peut voir des images de "Gloria" diffusé sur l'écran de la télévision de la mère d'Oswald « Oz » Cobb.