titre original | "Stakeout" |
année de production | 1987 |
réalisation | John Badham |
scénario | Jim Kouf |
photographie | John Seale |
interprétation | Richard Dreyfuss, Emilio Estevez, Madeleine Stowe, Aidan Quinn, Forest Whitaker |
récompense | Prix Edgar Allan Poe 1988 pour Jim Kouf |
suite | "Indiscrétion assurée" de John Badham, 1993 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Intéressantes variations sur le voyeurisme. Le suspense est ingénieux et le règlement de comptes final, d'une grande originalité.
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Deux flics pas très efficaces planquent devant la maison de l’ex d’un malfrat. Mais les ennuis commencent quand l’amour montre le bout de son nez…
Énorme générique final inscrivant en lettres bleues géantes : « A John Badham movie » ! Les critères ayant complètement changé dans les années 80, impossible de faire la fine bouche.
La remarquable mécanique narrative - les petits marioles auront certainement reconnu les ressorts scénaristiques de "Du plomb pour l'inspecteur" ("Pushover", 1954) -, l’excellence de l’interprétation et le brio des scènes de comédie (le héros se travestissant pour fuir la police, l’irruption inattendue du Rhythm is gonna get you de Gloria Estefan, les scènes de séduction) participent au très grand plaisir du spectateur.
Estevez est excellent en coéquipier moraliste, Aidan Quinn est brillant en tueur brutal à la fois séduisant et dangereux. Richard Dreyfuss est absolument superbe et apporte à son looser une fantaisie étonnante (surtout lorsqu’il ne retrouve pas le titre d’un célèbre film avec un requin géant sur une plage du Pacifique…).
Pour son premier grand rôle au cinéma (et avant d’incendier la pellicule dans "Revenge"), Madeleine Stowe, incarnation idéale de beauté, de sensualité et de féminité, est magnifique.
Un classique des années 80 et le meilleur Badham.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Le voyeurisme, phénomène intrigant et fascinant, car pouvant toucher chacun d’entre nous à son corps défendant, est un excellent véhicule des films à suspense. Hitchcock ne s’y était pas trompé qui, sur le thème, avait réalisé son chef-d’œuvre "Fenêtre sur cour" (1954), suivi par Michael Powell et "Le Voyeur" ("Peeping Tom", 1960) offrant une autre approche de la mise en image d'une déviance. Idem un peu plus tard pour Michelangelo Antonioni avec "Blow Up" (1966). Des films tirant leur substance hypnotique de ce comportement très courant dans le monde animal, mais refoulé par l'homme conscient de son moi et de l'altérité.
John Badham, cinéaste anglais ayant fait son trou à Hollywood après le succès foudroyant de "La Fièvre du samedi soir", propose, avec "Étroite surveillance", une variante inédite autour du voyeurisme sur le mode de l'humour. Rien de mieux que l'activité traditionnelle de planque des flics pour mettre en scène un buddy movie réjouissant tournant rapidement au trio avec l'arrivée de la très gracile et troublante Madeleine Stowe. Richard Dreyfuss, encore au sommet de sa gloire, et Emilio Estevez, fils de Martin Sheen spécialisé dans les films pour adolescents, sont deux flics que tout oppose, en charge de la filature de l'ex-fiancée d'un dangereux caïd qui vient de s'échapper de prison. D'un côté, le bon père de famille (Emilio Estevez), de l'autre, l'instable Chris Lecce (Richard Dreyfuss), qui ne pense qu'à joindre l'utile à l'agréable. Il ne faudra pas longtemps pour que la mission vire au joyeux désastre, Lecce étant attiré comme un aimant par la maison d'en face et sa très belle locataire.
C'est le coup de génie du scénario de Jim Kouf que de faire observer par un Estevez ahuri les imprudences d'un Richard Dreyfuss déchaîné en train de jouer le joli cœur et qui s'amuse à narguer son collègue qu'il sait en train de l'observer. Situation ubuesque jouissive, excellemment exploitée par John Badham, qui parvient ainsi à se sortir d'une entrée en matière un peu convenue, pour ne pas dire bancale. On rit donc beaucoup grâce au formidable abattage comique de Richard Dreyfuss, dont on se prend à regretter qu'il n'ait pas eu une carrière aussi riche que son énorme potentiel le laissait espérer depuis son apparition en scientifique déjanté dans "Les Dents de la mer" en 1975. Une addiction à la cocaïne aux abords des années 80 n'a sans doute pas aidé à sa réputation auprès des producteurs.
Une bonne soirée assurée avec "Étroite surveillance", qui aura une suite sans doute trop attendue en 1993.