
| titre original | "Ride with the Devil" |
| année de production | 1999 |
| réalisation | Ang Lee |
| scénario | James Schamus, d'après le roman "Woe to Live On" de Daniel Woodrell (1987) |
| photographie | Frederick Elmes |
| musique | Mychael Danna |
| production | Robert F. Colesberry, Ted Hope et James Schamus |
| interprétation | Tobey Maguire, Jeremy W. Auman, Scott Sener, Skeet Ulrich |
Extrait de la chronique du 18 février 2013 de Bertrand Tavernier
"Chevauchée avec le diable" (zone 2, bonus médiocres) de Ang Lee a été une de mes grandes découvertes récentes. Il s'agit d'une adaptation fidèle du très beau livre de Daniel Woodrell, l'auteur d'"Un Hiver de glace" (Rivages) qui avait donné "Winter's Bone". Voilà deux livres qu'il faut lire (et les autres Woodrell aussi qui se passent dans les Ozarks). Le scénariste James Schamus (qui écrivit le remarquable "Ice Storm" de Lee) reprend la plupart des remarquables dialogues du bouquin.
"Chevauchée avec le diable" montre une guerre de Sécession que je n'ai jamais vue. Et pourtant Dieu sait si on a tourné de nombreux films. Une guerre sans grandes batailles, sans généraux. Une guerre faite par des fermiers qui vont s'en prendre à un voisin, à quelqu'un qui habite près de chez eux. On massacre, on égorge des gens avec qui on a peut être été élevé, avec qui on a grandi. Ou des inconnus qu'on croise sur la route et qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment. C'est une guérilla atroce, sans repères religieux ou moraux (on est sécessionniste ou on est unioniste), plus proche des guerres de gang que de la tactique militaire. Qui se déroule dans des sous bois où l'ennemi peut surgir n'importe où. Presque tous les personnages sont très jeunes et on est bouleversé quand Tobey Maguire se coupe les cheveux et répond à quelqu'un qui lui dit : « comme cela te rajeunit, tu as l'air d'avoir 21 ans » : « j’en ai 19 ». Ou quand il dit à Jewel Kilcher (admirable de justesse historique) qui lui demande s'il a fait l'amour : « j'ai tué 15 hommes ». Les rapports avec tous ces jeunes, avec Holt, l'esclave noir de Georges, sont étonnants de justesse, de vie, d'émotion. Personne ne fait déguisé, tous les personnages, les rapports sociaux, la manière dont ils vivent ce moment, sont confondants de justesse. Tout paraît neuf, juste, en particulier le sac de Lawrence Kansas par Quantrill qui a donné lieu à tant de films et qu'on découvre ici pour la première fois (seul léger bémol, la chevauchée vers Lawrence, avec tous les bushwackers qui se saoulent, est plus forte dans le livre, le film ne montrant que quelques buveurs). On est pris, passionné, de bout en bout et saisi d'admiration devant l'ambition du projet. Très belle photo et magnifiques extérieurs. À découvrir absolument.
Les chevauchées du cinéma américain
Nombreux sont les westerns américains comprenant le mot "chevauchée" dans leur titre, ce qui génère souvent quelques confusions. Il faut bien distinguer cette "Chevauchée avec le diable" des films suivants :
• "La Chevauchée fantastique" ("Stagecoach", 1939) de John Ford avec John Wayne
• "La Dernière Chevauchée" ("The Last Posse", 1953) d'Alfred L. Werker
• "La Chevauchée du retour" ("The Ride Back", 1957) avec Anthony Quinn
• "La Chevauchée de la vengeance" ("Ride Lonesome", 1959) de Budd Boetticher avec Randolph Scott
• "La Chevauchée des bannis" ("Day of the Outlaw", 1959) d'André De Toth avec Robert Ryan
• "La Chevauchée des sept mercenaires" ("The Magnificent Seven Ride!", 1972) de George McCowan
• "La Chevauchée sauvage" ("Bite the Bullet", 1975) de Richard Brooks

