titre original | "Death Proof" |
année de production | 2007 |
réalisation | Quentin Tarantino |
scénario | Quentin Tarantino |
interprétation | Kurt Russell, Rosario Dawson, Zoë Bell |
Pour : la critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Gros échec commercial à sa sortie. Très peu consensuel, très anti-hollywoodien et très provoquant dans sa laideur apparente.
Univers parallèle où le talentueux cinéaste cite, au détour d’un plan, d’une mélodie, d’une citation, d’une voiture…, les icônes de son musée imaginaire : "Un espion de trop", Johnny Cash, "Duel", "Blow Out", Barbara Bouchet, "Psychose", "Vanishing Point", "Le Convoi", John Wayne imité par Kurt Russell…
Sous prétexte de rendre hommage aux navets des drive in, Tarantino use des temps morts (interminables discussions des bimbos sur le sexe et leur pouvoir sur les hommes), récupère avec adresse la construction de Joseph Stefano pour "Psychose", travaille chaque raccord avec un sens aigu de l’ironie… Première partie nocturne (charisme du tueur, sexe omniprésent, meurtre sanglant) et seconde partie diurne (tueur vieillissant, girls musclées et échec de l’assassin), le cinéaste laissant poindre (avec humour et nostalgie) une réflexion sur la fin du macho des années 70.
De tous ses films, "Boulevard de la mort" est celui où Tarantino met le plus violemment en scène ses fantasmes : gros plans exaltants la puissance sexuelle des femmes, fétichisme du pied, crudité des dialogues…
Les actrices sont d’une beauté renversante (mention spéciale à Sydney Tamiia Poitier et Rosario Dawson, éblouissantes). Kurt Russell, à la fois fantasque, séduisant, terrifiant et pathétique, est absolument prodigieux.
Passant du noir et blanc à la couleur, de l’image rayée aux compositions colorées, Tarantino ose tout, mais avec un talent sans cesse renouvelé.
Fourre-tout surréaliste d’une maîtrise formelle remarquable, un intense plaisir de cinéma.
Contre : film sans ambition, film de vacances (la critique de Pierre)
Au début, "Boulevard de la mort" était la seconde partie du film "Grindhouse", la première étant un film de zombies réalisé par Robert Rodriguez, "Planète terreur". Vu l'insuccès du film, "Boulevard de la mort" a été remonté pour l'Europe pour sortir tout seul en salles. C'est donc un film d'une heure qui se voit étiré sur deux.
Malheureusement, il n'y avait pas de quoi tenir aussi longtemps dans ce qu'a tourné Tarantino, et ça se voit. Le film est essentiellement composé de conversations de meufs. Kurt Russell n'est qu'un second rôle de luxe là-dedans.
Alors, "Boulevard de la mort" n'est pas désagréable, mais n'est pas passionnant non plus. Surtout que toute la première partie se passe dans un bar où apparaît Tarantino, puis Eli Roth, et où les références fusent. On frise le film de potes.
Et puis, tous ces emprunts... La musique de "Blow Out" qui arrive sur des moments insignifiants... les faux-raccords exprès pour faire vintage... Passe encore quand le film veut dire quelque chose. Mais faire tout ça au milieu d'un truc plutôt vide, moi, ça m'énerve.
Bref, je ne me suis pas ennuyé, mais je ne meurs pas d'envie de le revoir.
Références
- "Un espion de trop" : « Cheers, Butterfly. The woods are lovely, dark, and deep. And I have promises to keep. Miles to go before I sleep. Did you hear me, Butterfly? Miles to go, before you sleep. »
- "Point limite zéro" : « I've been up all night, I'm still a little drunk, and I have a hangover. I should be in my hotel room asleep, not fucking around on Tobacco Road, but because Zoe wanted to drive some fucking Vanishing Point car, I'm here. »
La chronique de Gilles Penso