Pour le meilleur comme pour le pire...
Auto-défense et années 70
Le cinéma de la réaction ou la réaction au Nouvel Hollywood
Il y a eu, dans le cinéma américain des années 70, une série de films conservateurs, baptisés outre-Atlantique vigilantes and cop movies, qui furent les porte-voix de cette "majorité silencieuse" qui avait porté Richard Nixon au pouvoir. Il s'agissait alors de contrebalancer l'émergence massive de cette production prônant les idéaux de la contre-culture et ses désirs de changements. Les réponses produites par Hollywood furent des thrillers urbains basés sur des scénarios de vengeance ou de justice expéditive.
"Vigilante" : anglicisme qui vient du nom latin Vigiles Urbani donné aux veilleurs de nuit de la Rome antique qui étaient chargés de combattre le feu et arrêter les esclaves en fuite et les mendiants.
Au nom de la loi ?
Don Siegel fut l'un des premiers réalisateurs à préparer le terrain du vigilante, et ce, dès les années 60, avec trois polars urbains, dont deux avec Clint Eastwood. Il réalise ainsi successivement "Police sur la ville" ("Madigan", 1968), "Un shérif à New York" ("Coogan's Bluff", 1968), puis, après un détour par le western ("Sierra torride"), le fameux "L'Inspecteur Harry" ("Dirty Harry"), film qui allait fixer avec "French Connection" l'essentiel des codes du polar américain des années 70 pour ce qui est de la veine virulente visant à redorer par tous les moyens le blason de la Loi.
Les deux films "matriciels" du genre
Si "Un justicier dans la ville" ("Death Wish") constitue le film exemplaire du courant, la ville, espace oppressant et lieu de toutes les corruptions, ne constitue cependant pas l'unique décor. Une autre série de films, déclinant les mêmes thèmes, mais situés cette fois dans l'Amérique rurale, apparaît au milieu des années 70. C'est notamment le cas de la trilogie "Justice sauvage" ("Walking Tall") initiée par Phil Karlson en 1973.
Sa femme a été tuée, sa fille, violée : la punition sera générale... |
En tant que shérif, il rétablit l'ordre, mais à sa manière : un gourdin à la main... |
Auto-défense et années 80
Charles Bronson alias Paul Kersey reprend du service dans trois suites d'"Un justicier dans la ville", aux titres toujours évocateurs et aux affiches toujours explicites, et toutes produites par les cousins Golan et Globus.
Les deux premières séquelles, "Un justicier dans la ville 2" et "Le Justicier de New York", sont réalisées par le metteur en scène de l'épisode originel, Michael Winner.
La troisième, "Le justicier braque les dealers", est réalisée par J. Lee Thompson ("Les Canons de Navarone", "Les Nerfs à vif", "Taras Bulba", "Allan Quatermain et les mines du roi Salomon"), qui avait déjà employé les services de Charles Bronson dans "Le Justicier de minuit" et "La Loi de Murphy", et qui le fera de nouveau tourner dans "Le Messager de la mort" et "Kinjite, sujets tabous".
William Lustig, de son côté, réalise un très divertissant "Vigilante", ainsi qu'un autre amusement mettant en scène un flic, "Maniac Cop". James Glickenhaus, quant à lui, nous gratifie d'une version cheap d'"Un justicier dans la ville", "Le Droit de tuer".
Le véritable "renouvellement" du genre se fait finalement avec l'apparition de gangs de jeunes ("Class 1984"), ainsi que de personnages féminins agissant en bande ("Les Rues de l'enfer") ou en solitaire ("L'Ange de la vengeance").