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"The Lost City of Z"

The Lost City of Z - affiche

titre original "The Lost City of Z"
année de production 2016
réalisation James Gray
scénario James Gray
photographie Darius Khondji
musique Christopher Spelman
interprétation Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller, Tom Holland

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

La filmographie ramassée de James Gray est passionnante depuis ses débuts en 1994 avec "Little Odessa", où déjà, il délimitait les contours de son cinéma. Des références permanentes à Brighton Beach, le quartier de son enfance à New York, et à ses origines russo-juives, ainsi qu'un attachement profond aux valeurs familiales, dont il n'hésite pas à décrire la pesanteur et l'influence dans les destinées personnelles. Cette inclinaison s'inscrit parfaitement dans le film de genre que Gray n'hésite pas à visiter.

Son style de facture classique fortement imprégné par celui de Francis Ford Coppola ou de Martin Scorsese l'incline à entamer un compagnonnage avec Joaquin Phoenix, un peu à l'image de celui qui avait associé Martin Scorsese à Robert De Niro, puis à Leonard DiCaprio, mais aussi à s'entourer des acteurs mythiques du Nouvel Hollywood pour donner corps à ses scénarios et couver les jeunes pousses qui peuplent ses castings. Ainsi, Vanessa Redgrave, Ellen Burstyn, Robert Duvall, James Caan ou Tony Musante ont apporté leur expérience aux premiers films de James Gray.

"The Lost City of Z", avec son développement épique, semble marquer une rupture, ou à tout le moins une évolution. Nous dirons plutôt une évolution quand on sait qu'il est un très grand admirateur d'"Apocalypse Now" de Coppola. Sans doute attendait-il d'être prêt pour se lancer dans un tournage bien plus problématique que tout ce qu'il avait pu faire jusqu'alors. En 2009, il avait été impressionné par le roman de David Grann, "La Cité perdue de Z", inspiré par la vie de l'explorateur anglais Percy Fawcett, qui s'était lancé au début du XXe siècle dans la recherche d'une civilisation perdue dans la jungle amazonienne. Après avoir contacté la Paramount dès 2010 pour monter le projet, il doit attendre 2015 pour voir celui-ci se concrétiser.

Le jeune réalisateur emboîte donc le pas de Werner Herzog et de Francis Ford Coppola pour narrer à sa manière une autre de ces expéditions où l'homme occidental a bien plus à perdre qu'à gagner, la jungle n'étant réellement accessible qu'à ceux qui y sont nés. Mais James Gray n'a ni la folie ni la grandiloquence des deux réalisateurs précités, dont les tournages sont à eux seuls des épopées qui égalent le film. C'est plutôt du côté du trop oublié "Aux sources du Nil" de Bob Rafelson qu'il faut chercher une parenté au film de James Gray. Là où Herzog et Coppola voulaient s'imposer face à la nature, Gray adopte l'attitude du roseau et se contente de saisir simplement la petitesse de l'homme face à l'immense masse verte qui l'entoure, souvent l'étouffe, mais toujours le fascine au point de toujours vouloir y retourner.

En ce sens, Percy Fawcett (Charles Hunnam) n'échappe pas à la règle, passant à côté de sa vie en Angleterre où grandissent sans lui ses enfants. La thématique de la famille étant un aspect crucial du travail du réalisateur, il accorde plus de temps que d'autres ne l'auraient fait à la femme de Fawcett (Sienna Miller), qui doit gérer l'absence, puis l'effacement, quand son mari revient en héros heureux ou malheureux de chacune de ses expéditions.

Somptueusement photographiée par Darius Khondji (déjà présent sur "The Immigrant"), la jungle amazonienne nous confirme qu'elle n'est jamais aussi belle qu'en images réelles. Le dernier tiers du film, quand Percy Fawcett vieillissant entame son dernier voyage avec son fils, rejoint le versant fantastique d'"Apocalypse Now" et la déréliction de la vaine conquête de l'Eldorado par Aguirre pour conclure de la plus belle des manières ce nouvel opus d'un James Gray qui ne déçoit jamais.

On notera le très beau caméo de Franco Nero, comme un clin d'œil au Fitzcarraldo immortalisé par Klaus Kinski, le compagnon d'aventure génial et délirant de Werner Herzog.

The Lost City of Z - affiche

Les films de James Gray © Faboolis