titre original | "Mountains of the Moon" |
année de production | 1990 |
réalisation | Bob Rafelson |
scénario | Bob Rafelson et William Harrison, d'après le roman historique "Burton and Speke" de ce dernier |
photographie | Roger Deakins |
musique | Michael Small |
interprétation | Patrick Bergin, Iain Glen, Fiona Shaw, Peter Vaughan, Omar Sharif (non crédité) |
Le titre original du film
Il fait référence aux monts ("mountains" en anglais) Rwenzori, une petite chaîne de montagnes de l'Afrique centrale située à la frontière entre l'Ouganda et la République démocratique du Congo. Ces montagnes sont parfois identifiées comme étant les légendaires montagnes de la Lune ("Moon" en anglais) de l'Égypte antique et plus tard des Grecs anciens. L'astronome Ptolémée les mentionna comme étant les sources du Nil. Rwenzori signifie « faiseur d'eau », ces montagnes recevant chaque année environ 1 990 mm d'eau de pluie entraînant la formation de nombreux cours d'eau, dont certains alimentent le Nil Blanc en amont.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
S’il n’a à son actif qu’une filmographie ramassée (dix films en trente-quatre ans de carrière), Bob Rafelson n’en est pas moins un cinéaste important du Nouvel Hollywood, auquel il a activement contribué avec Jack Nicholson, son acteur fétiche (cinq collaborations), à travers des films comme "Cinq pièces faciles", "The King of Marvin Gardens" ou "Le facteur sonne toujours deux fois".
En 1990, il s’intéresse à la polémique qui enflamma la Royal Geographical Society dans les années 1860 au sujet de la découverte des sources du Nil. Impossible, en effet, pour l’empire britannique de ne pas avoir la connaissance parfaite de l’ensemble du territoire qu’elle entend « civiliser ». En particulier l’Égypte et son fleuve, le plus long du monde, dont l’histoire mythique fascine. Ce conflit mettra aux prises deux explorateurs célèbres, Richard Burton et John Hanning Speke.
Le contexte historique est parfaitement rendu à travers la description de la vie mondaine des riches bourgeois et des lords anglais qui alterne, tout au long des 136 minutes que dure le film, avec la découverte du vaste continent africain par des aventuriers dont le courage est sans égal, même si souvent peu de cas est fait des autochtones qui leur servent de porteurs. La description faite par Rafelson est parfaitement lucide sur le sentiment de supériorité qui anime l’homme blanc, mais le réalisateur porte un regard équilibré sur une réalité historique qui, si elle imprègne les comportements, n’en est pas moins parsemée de réels moments d’humanité. Un sens de la nuance qui n’a plus cours aujourd’hui, où le manichéisme fait loi, du moment que l’on estime être dans le bon camp.
Les images filmées par le grand chef-opérateur Roger Deakins sont sublimes, sans jamais édulcorer la violence qui nimbait ces explorations. On est très loin donc des images léchées du "Lawrence d’Arabie" de David Lean, même si Iain Glen, qui incarne John Hanning Speke, fait immanquablement penser à Peter O’Toole. Lui et Patrick Bergin, dont c’est la première apparition dans un long métrage, forment un couple charismatique et complémentaire, qui parvient à faire voyager le spectateur dans une époque où l’immensité terrestre n’avait pas encore complétement livré ses limites.
Un grand film qui confirme que, même sans Jack Nicholson devant sa caméra, Bob Rafelson était capable d’affirmer son art.