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"Les Prédateurs"

Brillant exercice de style sur le thème de l'éternelle jeunesse

Les Prédateurs - affiche

titre original "The Hunger"
année de production 1983
réalisation Tony Scott
scénario Ivan Davis et Michael Thomas, d'après le roman éponyme de Whitley Strieber (1980)
photographie Stephen Goldblatt
maquillage Dick Smith et John Caglione
interprétation Catherine Deneuve, David Bowie, Susan Sarandon, Dan Hedaya, Willem Dafoe

À la fois fascinant et agaçant : le premier film de Tony Scott (la critique de Pierre)

Voilà un film on ne peut plus représentatif de l'esthétique des années 80, popularisée par les réalisateurs anglais célèbres à l'époque, à savoir les frères Scott et Alan Parker. Ici, c'est Tony qui nous livre sa première œuvre, un véritable manifeste stylistique.

Le pitch : bien que le mot ne soit jamais prononcé dans le film, on peut affirmer que Myriam (Catherine Deneuve) est une vampire. Elle vit avec John (David Bowie), qu'elle a manifestement "initié" à cette vie. Mais John vieillit de manière accélérée. La solution est-elle chez Sarah Roberts (Susan Sarandon), un chercheur travaillant sur l'inversion du vieillissement ?

Au rayon des choses habituelles : l'analogie vampirisme/drogue nous est servie avec la subtilité qu'on connait aux frères Scott.

En revanche, le style du film est vraiment original et déroutant. Arty est à mon avis le mot juste, avec ce que cela implique de positif et de négatif : montage alterné déconcertant entre scènes bruyantes et scènes muettes, début de 10 minutes sans aucun dialogue dans une scène de boîte ambiance goth-rock, plans hyper composés et constamment "filtrés", ambiance glaciale et acteurs biens choisis pour ce climat d'étrangeté... Il faut le reconnaître, la première moitié du film est carrément envoûtante.

Hélas, le manque de scénario et l'arrivée de Susan Sarandon, très mal castée (surtout pour des scènes saphiques avec la Deneuve), font chuter le niveau dans la seconde moitié. Dommage... Ça reste quand même intéressant.

Autre élément frappant : l'esthétique de ce film ressemble gravement à celle de "Blade runner", sorti la même année. Or, "Blade runner" représente un vrai changement de style dans la carrière de Ridley Scott (c'est à partir de là qu'il va se mettre à filmer en "pseudo film noir" avec fumée de cigarette, éclairages au néon et effets de lumière à gogo). Clairement, dès qu'ils se sont mis à tourner tous les deux, les frères Scott se sont gravement influencés l'un l'autre. Aujourd'hui, on distingue à peine une différence entre les deux. Perso, je suis convaincu qu'ils s'échangent leurs scènes et se remplacent, un peu à la Elliott et Beverly Mantle*. C'est mon opinion.

* les frères jumeaux de "Faux-semblants"

La presse de l'époque

Extraits de la critique de Emmanuel Carrère publiée dans le no 269-270 de la revue Positif (juillet-août 1983)

Le générique est visible, à la rigueur : en le resserrant un peu, on pouvait faire un vidéo clip pour la promotion du nouvel album de David Bowie. Ensuite, c'est vraiment en dessous de tout [...] Tony Scott est tellement nul qu'il n'arrive même pas à rendre un peu mystérieuse, au moins présente, la manière dont les personnages, en attendant une péripétie du scénario, passent leur temps à allumer nonchalamment des cigarettes.

Affiche française des "Prédateurs" © Jouineau Bourduge
Les Prédateurs - L’Écran Fantastique
Couverture du numéro de juillet-août 1983 du magazine L’Écran Fantastique

Les Prédateurs - générique

Les films de Tony Scott © Faboolis

FilmsFantastiques.com, L'Encyclopédie du Cinéma Fantastique
La chronique de Gilles Penso