Menu Fermer

"Le facteur sonne toujours deux fois" version 1981

You can get away with anything. Once.

Le facteur sonne toujours deux fois - affiche

titre original "The Postman Always Rings Twice"
année de production 1981
réalisation Bob Rafelson
scénario David Mamet, d'après le roman éponyme de James M. Cain
musique Michael Small
interprétation Jack Nicholson, Jessica Lange, Anjelica Huston
 
versions précédentes • "Le Dernier Tournant" de Pierre Chenal, 1939, France
• "Les Amants diaboliques" de Luchino Visconti, 1943, Italie
• "Le facteur sonne toujours deux fois" de Tay Garnett, 1946, États-Unis

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Bob Rafelson n’a pas tourné depuis quatre ans et l’échec de "Stay Hungry" quand il se lance, après Pierre Chenal, Luchino Visconti et Tay Garnett, dans l’adaptation du roman sulfureux de James M. Cain. Il confie l’écriture du scénario au très talentueux David Mamet, dont c’est le premier travail pour le cinéma. Nous sommes en 1981 et Rafelson, pour légitimer sa démarche de proposer un remake, a décidé de faire clairement ressortir la passion sexuelle dévorante qui finit par pousser au crime les deux amants maudits du célèbre roman de Cain.

La version de Garnett de 1946, si elle était tout à fait réussie, ne pouvait pas, en raison d'un code Hayes encore vigoureux, être si explicite sur la nature essentiellement charnelle de la relation entre Frank et Cora. Cette mise en avant des corps n'est pas chez Rafelson un procédé tape à l'œil pour s'attirer les bonnes grâces du public, mais bien un élément indispensable pour expliquer comment deux êtres, qui ne sont pas des monstres a priori, finissent par se laisser piéger par une attraction sexuelle dévorante qui les amène, sans qu'ils s'en rendent compte, à franchir petit à petit les limites de l'acceptable.

Cora, jouée par une Jessica Lange encore débutante mais déjà très assurée dans son jeu, et surtout terriblement sensuelle, n'est pas une cérébrale ayant mûri son plan largement en amont comme Phyllis Dietrichson (Barbara Stanwyck), mante religieuse du fameux "Assurance sur la mort" de Billy Wilder (1944). James M. Cain, qui est à l'origine des deux romans qui ont inspiré les films en question, a ancré les protagonistes du "Facteur sonne toujours deux fois" dans un prolétariat rural plus prompt à expliquer une violence spontanée et irréfléchie, alors que l'intrigue d'"Assurance sur la mort" se passe dans la banlieue chic d'une mégapole plus en rapport avec la séduction sophistiquée et calculatrice déployée par Phyllis Dietrichson.

L'issue semblable des deux intrigues passe donc par des chemins différents, tant au niveau de l'univers des personnages que de l'ambiance. Au noir et blanc contrasté et glacial de Wilder et de son directeur de la photographie John Seitz qui dresse les codes du film noir, Rafelson, aidé de Sven Nykvist, collaborateur attitré d'Ingmar Bergman, propose des tons mordorés très chaleureux s'accordant très bien avec la moiteur qui exsude des corps embrasés de Cora et Frank.

Nicholson est bien sûr parfait pour le rôle de ce demi-sel quelquefois dépassé par la hardiesse de sa maîtresse, même s'il nous sert un peu trop souvent son fameux regard hébété qui est resté dans la mémoire de tous les fans de "Shining".

Une œuvre solide qui a le mérite de replacer le roman de James M. Cain dans sa réalité charnelle.

Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon

Au lieu de paraphraser les classiques comme Lawrence Kasdan ("La Fièvre au corps"), Bob Rafelson refait l'un des plus célèbres. Lui apportant la dimension érotique interdite au film de 1946, il est ainsi plus fidèle au roman de James Cain, avec lequel il prend par ailleurs de nombreuses libertés. Le dialogue du dramaturge David Mamet (qui signe son premier scénario) est minimal et fonctionnel, et fait entièrement confiance à l'image. Bob Rafelson retrouve Jack Nicholson, vedette de "Cinq pièces faciles" et "The King of Marvin Gardens" (et dont il avait produit la première mise en scène, "Drive, He Said"), et donne à Jessica Lange l'occasion de prouver qu'elle peut tenir un rôle sérieux et difficile.

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Quatrième adaptation du fameux roman de Cain, le film de Rafelson est probablement le plus fidèle à l'œuvre initiale. Il insiste avec force sur les pulsions sexuelles qui poussent les amants au crime et, à cet égard, Jessica Lange est d'une extraordinaire sensualité. Le contexte économique est également bien rendu : on saisit la crise qui frappe alors l'Amérique à travers quelques détails bien venus. Belle réussite de Rafelson.

Affiche française du "Facteur sonne toujours deux fois" version 1981

Le facteur sonne toujours deux fois - générique