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"Jackie Brown"

Hommage à la blaxploitation des 70's

Jackie Brown - affiche

titre original "Jackie Brown"
année de production 1997
réalisation Quentin Tarantino
scénario Quentin Tarantino, d'après le roman "Rum Punch" d'Elmore Leonard
photographie Guillermo Navarro
interprétation Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert Forster, Robert De Niro, Bridget Fonda, Michael Keaton, Chris Tucker, Sid Haig
récompense Ours d'argent du meilleur acteur pour Samuel L. Jackson au festival de Berlin 1998

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

L'intrigue est plutôt complexe, mais la galerie de flics cyniques ou désabusés, de filles nymphomanes et droguées, de tueurs de série B auxquels s'ajoute un étrange prêteur de cautions, donne à l'œuvre un étonnant relief. Jamais la tension ne se relâche et l'on se demande à chaque instant comment Jackie Brown va se sortir d'une situation de plus en plus embrouillée.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Quentin Tarantino a débarqué à Hollywood depuis quatre ans en provenance du Video Archive à Hermosa Beach (Californie) où il travaillait comme vendeur quand il réalise avec "Jacky Brown", son troisième long métrage. Ses deux premiers thrillers "Reservoir Dogs" et "Pulp Fiction" ont provoqué une véritable déflagration, tant dans le public que dans le cénacle hollywoodien que le tout jeune réalisateur a carrément pris à la gorge. Son approche référentielle très série B voire Z, l’importance donnée aux dialogues iconoclastes et complétement hors des canons du genre, la prédominance de la bande-son ou encore la coolitude se dégageant du jeu des acteurs ont été plus que favorablement accueillies. Le voilà donc reconnu comme un maître qu’il faut écouter.

"Pulp Fiction" a reçu six nominations aux Oscars et une statuette pour son scénario écrit par Tarentino lui-même et Roger Avary. Ensemble, ils ont acheté les droits de plusieurs romans d’Elmore Leonard dans le but d’adaptations futures. Après quelques hésitations, Tarantino opte pour "Punch Créole" (paru en 1992) qu’il réadapte quelque peu pour lui permettre de placer en vedette Pam Grier, ex-icône sexuelle ("Coffy, la panthère noire de Harlem" et "Foxy Brown" de Jack Hill en 1973 et 1974) de la blaxploitation, dont il est un fan absolu. Âgée de 48 ans, l’actrice tombée dans l’oubli va interpréter une hôtesse de l’air convoyant vers le Mexique les butins d’un trafiquant d’armes (Samuel L. Jackson) véritable psychopathe calculateur. L’intrigue très bien construite s’enroule autour du personnage de Jackie Brown (Pam Grier) qui de mule va passer indic pour sauver sa peau. Mais ce sont surtout les portraits que dresse Tarantino de chacun des protagonistes qui font tout le sel de "Jackie Brown", demeurant encore à ce jour l’un si ce n’est son film le plus abouti.

Tout d’abord, Pam Grier, parfaitement dirigée, dégageant une sensualité ravageuse derrière un mutisme qui lui permet de rester de marbre face à toutes les surprises et dangers d’une affaire dont elle finira par devenir l’orchestratrice. Tarantino, évidemment sous le charme de celle dont, adolescent énamouré, il admirait le charme dans les années 1970, lui offre sans aucun doute le rôle de sa vie. Un charme ravageur qui va foudroyer Robert Forster, plus que convaincant dans le rôle du chargé de caution devant accompagner Jackie Brown chez le juge après qu’elle se soit fait prendre à l’aéroport par deux flics (dont Michael Keaton) précédemment tuyautés.

Arrive ensuite un Samuel L. Jackson que Tarantino connaît bien pour l’avoir dirigé dans "Pulp Fiction". Devant interpréter un tueur dénué de tout sentiment humain, l’acteur, qui tourne beaucoup depuis que "Pulp Fiction" l’a révélé, est tout simplement prodigieux, mélange détonant d’humour, de décontraction et de sauvagerie qui fait froid dans le dos. Robert De Niro, qui a rejoint le casting après le désistement de Sylvester Stallone, est tout à son affaire dans la partition du taiseux inquiétant, sortant de prison pour remettre instantanément la main dans le pot de miel. Enfin, Bridget Fonda, complétement habitée par son rôle de maîtresse du trafiquant d’armes à la sexualité débridée et le nez complétement enfoui dans la coke.

Autant de personnages pris dans les entrelacs d’une intrigue filandreuse, mais parfaitement vertébrée, qui démontre une parfaite maîtrise acquise après des heures à regarder assis derrière le comptoir de son video club tous les films qui passaient dans ses mains. Une très bonne école assurément pour le jeune Tarantino, qui ne décevra jamais, même si sa production récente est un peu moins passionnante. Le tout rythmé par la musique des Delfonics, Brothers Johnson, Johnny Cash et autres Supremes.

Autrement dit, ce film un peu déclassé dans la filmographie de Quentin Tarantino en raison de sa relative lenteur que certains ont assimilée à de l’apathie et de son intrigue pas immédiatement lisible, mérite d’être réhabilité comme l’un de ses meilleurs. Et puis, l’occasion est donnée au spectateur d’y découvrir une Pam Grier absolument géniale.

Autres films, mêmes personnages

• Ray Nicolette : ce personnage, joué par Michael Keaton dans le film de Tarantino, apparaît également dans l'adaptation d'un autre roman d'Elmore Leonard, "Hors d'atteinte", dans lequel il est de nouveau interprété par Michael Keaton.

• Ordell Robbie and Louis Gara : ces personnages, joués respectivement par Samuel L. Jackson et Robert De Niro dans le film de Tarantino, apparaissent également dans l'adaptation d'un autre roman d'Elmore Leonard, "Life of Crime" (2013), dans lequel ils sont interprétés par Mos Def et John Hawkes.

Bande originale du film

Elle comprend entre autres les chansons suivantes :
- "Baby Love", The Supremes (1965)
- "Across 110th Street", Bobby Womack (1972)
- "Street Life", Randy Crawford (1981)

American dollars airlines

Affiche alternative © Ibraheem Youssef
Affiche alternative © Olly Moss

« What's your drink brother? – Let me have a Screwdriver homes. »

© Mathieu Laprie
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

Le Screwdriver, de l'anglais tournevis, est un cocktail à base de jus d'orange et de vodka. Il est servi on the rocks (avec de la glace). Il est aussi communément désigné sous le nom Vodka-Jus d'orange ou Vodka-Orange. Il s'agit du cocktail préféré d'Ordell Robbie (Samuel L. Jackson) dans "Jackie Brown".
La référence écrite au Screwdriver la plus lointaine remonte au 24 octobre 1949, dans un article paru dans Time Magazine faisant référence à une certaine boisson alcoolisée à la vodka et au jus d'orange, bue dans un bar du Park Hotel (célèbre hôtel art déco de Shanghai) par des agents des services secrets turcs trinquant avec des ingénieurs américains et des réfugiés des Balkans.

Couverture du numéro du 17 décembre 1997 du magazine Les Inrockuptibles
Couverture du numéro d'avril 1998 des Cahiers du Cinéma
Jackie Brown Jackie Brown
Jackie Brown Jackie Brown
Jackie Brown Jackie Brown

Le générique du film conçu par Pacific Title/Mirage

Jackie Brown - générique

Jackie Brown - générique