A band apart
titre original | "Reservoir Dogs" |
année de production | 1992 |
réalisation | Quentin Tarantino |
scénario | Quentin Tarantino |
interprétation | Harvey Keitel, Tim Roth, Chris Penn, Steve Buscemi, Michael Madsen, Lawrence Tierney, Quentin Tarantino |
récompense | Prix du meilleur réalisateur au festival international du film de Sitges 1992 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Un déferlement d'hémoglobine (gangster blessé au ventre, policier torturé à mort) et un récit fondé sur le flash-back ne doivent pas dissimuler l'originalité de la démarche de Tarantino, plus proche de Scorsese que de Peckinpah dans cette peinture sans concessions de la petite pègre. Un remarquable début.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Si c'est "Pulp Fiction" qui a permis à Quentin Tarantino d'occuper la place qui est la sienne aujourd'hui à Hollywood, rien n'aurait été possible sans "Reservoir Dogs", au succès plus confidentiel et pour beaucoup de spectateurs découvert après le choc de la Palme d'or remportée à Cannes en 1994 par le tout jeune réalisateur.
Rempli de références (Akira Kurosawa pour la construction narrative inspirée de "Rashomon", Joseph Sargent pour l'utilisation de couleurs comme patronymes des gangsters directement pillée aux "Pirates du métro", Martin Scorsese pour la présence d'Harvey Keitel et l'ambiance générale du film, Sam Peckinpah ou Abel Ferrara pour l'esthétisation de la violence), le film, par la parfaite synthèse qu'il en propose et pour son sens de la dérision, constitua une sorte de révolution dans la manière de porter les polars ou les films noirs à l'écran.
Au sein de cette bande de malfrats uniformisés par leurs costumes noirs et leurs patronymes désignant des couleurs, tous les tempéraments et générations sont représentés, du gangster à l'ancienne partisan du geste minimum et efficace (Harvey Keitel) au tueur psychopathe (Michael Madsen) en passant par l'individualiste forcené sans scrupule (Steve Buscemi) ou le flic infiltré (Tim Roth). Spoiler : concluant de belle manière un film à la structure narrative malgré tout un peu courte, dont la force réside essentiellement dans l'esthétisme clinquant déployé à grand renfort de musique des seventies et de saynètes marquantes, le tout joué par des acteurs formidables. Il est vrai que voir Keitel, Tierney, Madsen en costumes et cravates noirs descendre une rue ensoleillée de L.A. pour aller faire un casse, l'ensemble de la courte scène filmé au ralenti sur une musique des Tornadoes, reste un souvenir marquant.
Un grand metteur en scène était né, capable, dès son premier essai, de réussir sans s'emmêler les pinceaux à faire la somme de toutes les influences accumulées dans son vidéo club de Manhattan Beach (Californie). Comme quoi la passion peut valoir toutes les écoles de cinéma du monde.
Quentin Tarantino, un imposteur ?
"Reservoirs Dogs" est un remake à demi-avoué seulement de l'excellent film hongkongais "City on Fire" de Ringo Lam (1987).
Quant au procédé consistant à donner des noms de couleurs aux protagonistes (Mr. Blue, Mr. White, Mr. Blond, Mr. Orange, Mr. Pink et Mr. Brown), il avait déjà été utilisé dans "Les Pirates du métro" (Mr. Blue, Mr. Green, Mr. Gray et Mr. Brown)...
Plus tard, pour le scénario de "True Romance", puis celui de "Pulp Fiction", Tarantino n'hésitera pas à reprendre TELLES QUELLES plusieurs phrases du script et certaines séquences de l'excellent "Tuez Charley Varrick" de Don Siegel !
Lieux de tournage de "Reservoir Dogs" © Jesse Nickell
Los Angeles, Californie - 1992 vs 2023