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"Blood & Wine"

L'honneur entre voleurs, ça n'existe pas. C'est un mythe.

Blood and Wine - affiche

titre original "Blood and Wine"
année de production 1996
réalisation Bob Rafelson
interprétation Jack Nicholson, Stephen Dorff, Jennifer Lopez, Judy Davis, Michael Caine

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Bob Rafelson a eu une carrière très peu prolifique avec seulement dix films en 34 ans, dont la moitié avec Jack Nicholson, son alter ego. "Blood and Wine" est leur dernière collaboration pour un thriller d’une noirceur absolue, qui exhale un curieux parfum, mélange d’exotisme (la moiteur tropicale de Key Largo), d’érotisme (les formes de Jennifer Lopez) et d’humour macabre (le duo inédit et iconoclaste formé par Jack Nicholson et Michael Caine). Parfum très pénétrant donc, qui peut, selon l’humeur, exciter ou repousser.

Il est clair, selon la trame née dans l’esprit de Rafelson, que l’argent et la frustration exercent une très mauvaise influence sur tout le petit monde du film, qui s’entretue sans scrupule pour la possession d’un collier préalablement volé à des rentiers fortunés partis célébrer un mariage sur leur yacht. Cette peinture axée sur le cynisme des personnages, qui se révèlent à eux-mêmes au fur et à mesure que les tentations se présentent à eux, finit par tourner un peu en boucle, sacrifiant le suspense sur l’autel du cabotinage de Sir Michael et de l’oncle Jack, trop heureux de se retrouver pour la première fois ensemble à l’écran. Une rencontre de deux tempéraments voisins qu'il aurait été dommage de louper.

Il est sûr que l’on est loin, pour Rafelson, des glorieuses années 70 et 80, où il nous concoctait des petites perles désenchantées comme "Cinq pièces faciles" ou "The King of Marvin Gardens", sans oublier, dans le genre thriller, la vénéneuse veuve noire campée par Theresa Russel dans "La Veuve noire".

Comprenant peut-être que son heure était passée, Rafelson, après un très dispensable "Sans motif apparent" en 2002, choisit de passer la main. D’autres moins sages que lui feraient sans doute bien de s’en inspirer, préférant, pour des raisons souvent mercantiles, dégrader sur près de vingt l’image laissée dans le public par leur créativité initiale. La question est posée, mais la réponse n’est jamais évidente et définitive, Woody Allen, de qui l'on n'espérait plus grand-chose depuis une décennie, retrouvant toute sa verve à près de 80 ans avec le très comestible "Blue Jasmine".