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"Black Swan"

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Black Swan - affiche

titre original "Black Swan"
année de production 2010
réalisation Darren Aronofsky
photographie Matthew Libatique
musique Clint Mansell
interprétation Natalie Portman, Vincent Cassel, Barbara Hershey, Winona Ryder, Mila Kunis
 
récompense Oscar de la meilleure actrice pour Natalie Portman

La critique d'Antoine

Nina, ballerine du ballet de New York, décroche le premier rôle dans le nouveau spectacle, "Le Lac des cygnes", mis en scène par le Français Thomas Leroy. Pour incarner les deux cygnes, le blanc et le noir, Nina, jeune fille douce et fragile étouffée par une mère possessive, va devoir trouver sa part d'ombre.

Difficile vraiment de parler de ce film. Au départ, c'est un film assez classique, le portrait d'une danseuse qui donne tout pour son art, qui martyrise son corps pour arriver au sommet. Une sorte de double féminin du Wrestler, le précédent sujet d'Aronofsky. Dans les deux personnages, on retrouve une dimension artistique et cette notion de combat, contre les rivaux et contre soi-même, contre ses propres souffrances.

Les deux films se ressemblent aussi au plan formel avec cette image très spéciale, avec beaucoup de grain, qui ne plaira pas à tout le monde, cette caméra portée au plus près du personnage principal, celui-ci étant de toutes les scènes, de tous les plans.

Mais là où "The Wrestler" ne parvenait pas à mon sens à être autre chose qu'un portrait, "Black Swan" change progressivement de cap et de genre pour tendre vers le film d'horreur. On pense à plein de films (principalement "Shining", "Repulsion", "Faux-semblants", "Lost Highway", "Eyes Wide Shut"... mais y'en a d'autres), mais Aronofsky digère toutes ces influences pour livrer une œuvre unique. On pense aussi à "Requiem for a Dream" - un titre qui conviendrait d'ailleurs à "Black Swan".

Les acteurs sont très bons, Natalie Portman bien sûr, mais aussi Vincent Cassel, animal, dont la carrière est en train de prendre une autre tournure après "Les Promesses de l'ombre" (David Cronenberg, 2007). Bonne idée aussi de prendre Winona Ryder dans le rôle de la star déchue, remplacée par Portman, comme ce fut le cas à Hollywood finalement.

Voilà, c'est compliqué de le conseiller réellement, parce que c'est un film très noir, une épreuve physique, et on ne comprend pas forcément tout. En tout cas, je suis sorti de là comme je suis sorti de "Requiem for a Dream", le cœur battant et les jambes flageolantes. C'est un chef-d'œuvre.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Darren Aronofsky suit un parcours bien singulier à Hollywood, arrivant à se faire un nom et un public malgré des films souvent durs d'accès et abrupts, tant du point de vue de leur sujet que dans le traitement que le réalisateur en propose. Cela avait commencé avec "Pi" (1998), thriller ésotérique compliqué à souhait et au final un peu prétentieux. Puis vint le magnifique "Requiem for a Dream", plaidoyer techno implacable contre la drogue, suivi par le mystique "The Fountain", interrogation onirique sur la mort, et enfin "The Wrestler", odyssée d'un catcheur en bout de piste devenu gladiateur des temps modernes qui choisit de mourir sur le ring.

Le retour en grâce de Mickey Rourke, star déchue d'Hollywood, a mis brutalement Aronofksy dans la lumière. L'Oscar avait été loupé de peu par Rourke, la gracile Natalie Portman rattrape donc le coup un an plus tard en remportant le précieux trophée. Au-delà de la prestation de Natalie Portman, qu'en est-il de "Black Swan" ? L'univers solidaire des catcheurs arpentant les rings de l'Amérique profonde fait place à celui, impitoyable, des danseuses étoiles. On est donc aux deux extrémités de l'échelle de la popularité, mais dans les deux cas, les ravages sur le corps et l'esprit sont les mêmes. Que ce soit pour conserver sa place malgré l'âge et l'usure venus ou pour accéder enfin à l'Olympe de son art, le prix à payer est très élevé.

La jeune postulante appelée à succéder à la danseuse étoile décrochée de son firmament par un directeur de ballet sans pitié (formidable Vincent Cassel), doit puiser dans les tréfonds de son âme pour faire éclore sur scène, dans une représentation qui sera unique, la face sombre du cygne noir. Cette dualité qui n'est pas la sienne, la jeune danseuse devra se torturer pour l'acquérir en se persuadant qu'un complot est ourdi contre elle par une jeune danseuse arrivée tout récemment de San Francisco pour jouer les simples doublures. Cette blessure mentale que la jeune femme s'inflige a son pendant physique au travers de mutilations sans doute déclenchées pour combattre le stress permanent de son métier, renforcé par l'omniprésence d'une mère (Barbara Hershey) qui demande à sa fille de lui offrir la carrière qui lui a été refusée.

Les obsessions d'Aronofsky sont bien là, et son savoir-faire lui permet de ne pas perdre son spectateur en cours de route. Mais si les images sont magnifiques et le ballet final somptueux, l'ensemble un peu froid a parfois du mal à nous toucher. C'est souvent le problème de ce metteur en scène, pourtant bourré de talent, que de ne pas savoir entrer en empathie avec ses spectateurs. Il n'a pas toujours à disposition la gueule cabossée d'un Mickey Rourke pour réchauffer les cœurs. Dommage.

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