titre original | "The Wrestler" |
année de production | 2008 |
réalisation | Darren Aronofsky |
photographie | Maryse Alberti |
musique | Clint Mansell |
interprétation | Mickey Rourke, Marisa Tomei, Evan Rachel Wood |
récompense | Lion d'or au festival international du film de Venise 2008 |
La critique de Pierre
Les années 70 ont eu Friedkin, Coppola, Scorsese et De Palma. J'affirme que les années 2000 auront eu Fincher, Aronofsky, P.T. Anderson et James Gray. Pour moi, c'est clair, ces quatre réalisateurs sont LA relève du cinéma américain.
Et franchement, ce n'est pas "The Wrestler", pour le moment mon film 2009 préféré - loin devant le reste -, qui le démentira. Je mets au DÉFI quiconque de relever la moindre faute de goût dans ce film, qui frôle la perfection.
C'est officiel : en trois films seulement ("Requiem for a Dream", "The Fountain", "The Wrestler" donc), Aronofsky est entré dans la légende.
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Ce qui frappe dans ce beau film, c'est le parallèle entre le destin du personnage et celui de son interprète, Mickey Rourke. Celui-ci avouait : « Je considère ce film comme le plus difficile que j'ai jamais fait. Et comme le meilleur. »
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"The Wrestler" marque le grand retour de Mickey Rourke après vingt ans de galère. C’est un catcheur au bout de la route que Mickey Rourke, qui a tâté de la boxe professionnelle en plein milieu de sa carrière cinématographique, a accepté d'interpréter sous la houlette de Darren Aronofsky.
La première partie du film décrit par le menu la vie un peu glauque de ces gladiateurs des temps modernes, une fois que la gloire s’est enfuie en même temps que leur jeunesse. Aronofsky projette sans ménagement le spectateur dans l’envers du décor, là où se discute la chorégraphie des combats entre ces hommes solidaires, qui tentent de faire le mieux possible un travail éreintant pour un public devenu de plus en plus exigeant au fil des ans. Les substances illicites circulent allègrement sous le manteau pour permettre à chacun de tenir le choc et d’entretenir sa musculature.
Robin Ramzinski dit "The Ram" (Mickey Rourke) n’échappe pas à la règle. Ancienne gloire dans les années 80, il n’a pas su se construire une après-carrière convenable, ce qui l'a amené à être le vétéran de la troupe. Sa fille ne lui parle plus, et il n’arrive pas à nouer une relation suivie avec la stripteaseuse (très touchante et très belle Marisa Tomei) du bar où il se rend tous les soirs. Il essaie aussi avec peine de se reconvertir une fois remis d'une alerte cardiaque. Mais rien ne fonctionne pour ce pauvre hère, qui ne parvient à donner le meilleur de lui-même qu’une fois sur un ring.
Au moment où il tente de renouer les liens familiaux avec sa fille, tout s’écroule à nouveau. La conclusion prévisible approchant, Aronofsky ne résiste pas à la facilité, très tentante il faut l'avouer, de nous resservir une version modernisée du "Champion" (1931) de King Vidor. Se met alors en place le suspense de savoir si The Ram, parti comme au sacrifice dans l’arène, va laisser, comme Wallace Beery en 1931, son dernier souffle sur le ring. Aronofsky ne choisit pas et laisse le spectateur en suspens devant Rourke sautant une dernière fois du haut de la troisième corde.
Magnifiquement filmé par Maryse Alberti (directrice de la photographie française installée à Hollywood), "The Wrestler" parvient à être touchant malgré l'évidence du sujet, en partie grâce à l'identification naturelle du parcours du catcheur avec celui de Mickey Rourke, ex-gueule d'ange chérie d'Hollywood dans les années 90, cabossée par un parcours chaotique au sein de la Mecque du cinéma.
On est toutefois assez loin de la force hypnotique que dégageait "Requiem for a Dream", jusqu'alors le meilleur travail du réalisateur.