titre original | "Thelma & Louise" |
année de production | 1991 |
réalisation | Ridley Scott |
scénario | Callie Khouri |
photographie | Adrian Biddle |
musique | Hans Zimmer |
interprétation | Susan Sarandon, Geena Davis, Harvey Keitel, Michael Madsen, Brad Pitt |
récompense | Oscar du meilleur scénario original |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Ce n'est pas le meilleur Ridley Scott, mais quel film spectaculaire ! Pas de temps morts et une caméra jamais en repos.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Thelma & Louise", réalisé par Ridley Scott et pensé par Callie Khouri, ouvre, à l'époque de sa sortie, un nouveau chapitre du road movie en montrant deux femmes faisant exploser les conventions sociales après avoir improvisé une balade pour le moins agitée à travers les paysages grandioses de l'Arizona et de l'Arkansas. Ce type de voyages, qu'il se fasse à cheval ("Butch Cassidy et le Kid"), à pied ("L’Épouvantail"), en train ("Bertha Boxcar") ou en voiture ("Les Amants de la nuit", Nicholas Ray, 1948), met généralement en scène des duos masculins ou des couples.
Callie Khouri, en réaction à cet état de fait établi maintenant les femmes dans leur condition subalterne, a choisi d'en prendre le contre-pied. Pensant à réaliser elle-même le film alors qu'elle n'avait aucune expérience dans le domaine, le scénario est resté quelques temps en suspend jusqu'à ce que Mimi Polk Gitlin, déjà productrice en 1987 d'un thriller réalisé par Ridley Scott ("Traquée"), s'amourache de cette idée originale. Dès lors, le projet prend une autre ampleur, et Ridley Scott, d'abord pressenti comme producteur exécutif, finit par s'en remettre aux conseils de ceux qui lui disent qu'après avoir fait de Sigourney Weaver l'héroïne d'"Alien", il était sans aucun doute le mieux à même de diriger ce film aux penchants féministes.
Michelle Pfeiffer et Jodie Foster retirées du projet par manque de disponibilité, ce sont Susan Sarandon et Geena Davis qui endossent respectivement les rôles de Louise et de Thelma. Si on l'a dit, "Thelma & Louise" est un road movie, il emprunte aussi au film policier et à la comédie dramatique, ce qui lui permet d'acquérir, tout en avançant une solide structure narrative lui évitant de ne miser que sur son postulat initial déroutant. Plus de vingt-cinq ans après sa sortie, si le film reste dans les mémoires, sa scène finale onirique n'y est certainement par pour rien. Tout comme l'alchimie entre les deux actrices, additionnée à la mise en image somptueuse de Scott, qui parvient à marier plans intimistes et vues grandioses des paysages que Thelma et Louise traversent, cheveux au vent, dans la sublime Ford Thunderbird 1966 décapotable vert métallisé de Louise et sur la musique d'Hans Zimmer (extrait de "No Looking Back" de Michael McDonald).
Ode à la liberté qui a déclenché bien des polémiques à sa sortie au sujet de la misandrie véhiculée par le film qui montre les hommes comme des rustres décérébrés, "Thelma & Louise" distille la même fraîcheur à chaque vision. La fin, tout à la fois choquante et allégorique, qui immortalise le film a toutefois été jugée par certains comme trop pessimiste, car ne laissant aucune échappatoire à deux femmes qui n'ont fait que se défendre contre la violence des hommes et que seul le flic joué par Harvey Keitel semble vraiment comprendre.
Vingt-cinq ans au compteur et pas une ride, ce film iconoclaste dans la filmographie de Ridley Scott qui, mine de rien, inaugure le premier selfie (Thelma et Louise côte à côte radieuses, posant devant la Thunderbird avant leur départ), reste encore aujourd'hui comme un de ses plus hauts faits d'armes dans un registre où il n'a guère été prolifique.