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"The Professor and the Madman"

The Professor and the Madman - affiche

titre original "The Professor and the Madman"
année de production 2019
réalisation Farhad Safinia
scénario Todd Komarnicki et Farhad Safinia, d'après Simon Winchester
interprétation Mel Gibson, Sean Penn, Natalie Dormer, Steve Coogan

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

"The Professor and the Madman", réalisé par Farhad Safinia et tiré du livre de Simon Winchester "Le Fou et le Professeur" paru en 2000, est né d’un projet d’adaptation porté par Mel Gibson depuis plus de quinze ans. Emballé par le livre qui s’inspire d’une histoire réelle pour le moins surprenante et émouvante, Mel Gibson envisageait à l’origine de réaliser lui-même le film. Il a finalement choisi de jouer le rôle du professeur-lexicologue, James Murray, et de confier la réalisation à Farhad Safinia, qui avait écrit pour lui le scénario d’"Apocalypto" en 2006.

Alors qu’elle règne sur le monde grâce à la révolution industrielle qu’elle a initiée, appuyée sur un empire colonial immense qui lui ouvre toutes les routes commerciales, la Grande-Bretagne prend rapidement conscience que c’est par la diffusion de la langue qu’elle assoira de façon définitive sa domination. L’université d’Oxford, un peu compassée et autocentrée, finit par confier à un lexicologue écossais sorti du rang, mais néanmoins réputé, le soin de compiler de manière exhaustive l’ensemble du vocabulaire pouvant se réclamer d’une langue à vocation universelle. La tâche particulièrement ingrate et fastidieuse peine à démarrer sous la houlette du professeur Murray (Mel Gibson). C’est William Chester Minor (Sean Penn), un chirurgien américain traumatisé car ayant officié pendant la guerre de Sécession puis finalement interné à la suite du meurtre d’un ouvrier anglais, qui va débloquer la situation en entamant une longue collaboration avec le professeur Murray.

Le sujet peut sans aucun doute paraître austère et peu engageant pour un studio, conduisant Mel Gibson à produire lui-même le film. Mais en ces temps où le langage s’appauvrit tous les jours un peu plus sous les coups de boutoir d’une instruction en panne et de réseaux sociaux invitant à toujours plus de simplification, le film prend une réelle justification en montrant comment la passion des mots peut unir deux destins qui à priori n’avaient rien de commun, mais aussi permettre de braver les désordres mentaux.

L’Oxford English Dictionary initié en 1878 demeure encore aujourd’hui un ouvrage de référence grâce aux efforts de deux hommes que Mel Gibson a souhaité célébrer avec modestie par le biais d’un film à la rigueur bienvenue, car ne déviant jamais de sa vocation, visant à rappeler que la maîtrise de la langue sera toujours l’un des meilleurs vecteurs de paix. Mel Gibson et Sean Penn ont fait chacun des efforts de sobriété pour que le message du film ne soit pas amoindri par le cabotinage qui parfois encombre leurs jeux respectifs (Sean Penn a eu toutefois un peu plus de difficulté dans l’exercice). Au passage, on remarquera Natalie Dormer, qui rappelle par instants la Theresa Russell des grandes années.

Un film à montrer dans les cours de français en prenant soin d’en expliquer en préambule le contexte.