« I see dead people. »
titre original | "The Sixth Sense" |
année de production | 1999 |
réalisation | M. Night Shyamalan |
scénario | M. Night Shyamalan |
photographie | Tak Fujimoto |
musique | James Newton Howard |
interprétation | Bruce Willis, Haley Joel Osment, Toni Collette, M. Night Shyamalan |
rien à voir avec | "Le Sixième Sens" ("Manhunter") de Michael Mann |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
En 1999, "Sixième sens" fit l'effet d'une bombe à Hollywood. Un jeune Indien de 29 ans naturalisé Américain, fan de Spielberg, révolutionnait le film de revenants en offrant une facette inédite du talent de Bruce Willis alors au zénith de sa gloire après le triomphe de la saga "Die Hard". Mais, par-dessus tout, ce sont les formidables recettes du film rapportant plus de cinq fois son budget qui mettront Night Shyamalan, pendant une petite dizaine d'années, en position de mener à bien tous ses projets à Hollywood, sans doute de manière un peu trop intransigeante (l'ivresse du succès ?), jusqu'à ce que l'échec de "La Jeune fille et l'Eau" en 2006, aussi bien critique que financier, ne lui fasse perde son statut de jeune prodige.
Depuis, M. Night Shyamalan ne parvient pas à démontrer qu'il est capable de renouveler son cinéma. Pire, "Sixième sens" supporte assez mal le poids des quelques quinze années qui se sont écoulées depuis sa sortie. Toutes les recettes qui avaient surpris le spectateur à l'époque apparaissent aujourd'hui comme les coutures trop voyantes d'un costume d'apparat qui cache mal un évident manque de fond, expliquant sans doute la rapide usure des recettes et trucs de Shyamalan au bout de six films passés à tirer sur une corde passablement usée.
Cette histoire de fantôme qui découvre son statut après avoir tenté d'expier la faute qu'il croit être responsable du drame de sa vie, se révélant en réalité être sa propre mort, est certes séduisante, mais Shyamalan, ému de sa géniale découverte, passe trop de temps à enrouler son récit autour de ce bel objet, dont on entrevoit malheureusement assez vite les contours grâce ou à cause des nombreux petits cailloux que le réalisateur sème en chemin.
Il convient aussi de revenir sur la prestation de Bruce Willis, dont on peut saluer le changement de registre, mais qui cabotine à qui mieux-mieux avec un regard par-dessus l'horizon emprunté à Brando qui finit par pousser son personnage aux limites du pathétique ridicule. Ses prestations dans le domaine du comique décalé chez Robert Zemeckis ("La mort vous va si bien" en 1992) ou chez Barry Levinson ("Bandits- gentlemen cambrioleurs" en 2001) sont autrement plus convaincantes.
Pour ne pas être trop sévère, il faut reconnaître à Shyamalan une capacité évidente à créer le trouble, qui se révélerait plus efficace s'il consentait à davantage développer l'épaisseur de ses personnages secondaires pour donner plus de substance à ses malignes intrigues. En somme, pour ne pas ternir la petite magie des films de Shyamalan, les voir une seule fois semble le bon conseil à donner.
La chronique de Gilles Penso