titre original | "Show Boat" |
année de production | 1936 |
réalisation | James Whale |
scénario | Oscar Hammerstein II, d'après sa pièce et le roman d'Edna Ferber |
photographie | John J. Mescall |
production | Carl Laemmle Jr. |
interprétation | Irene Dunne, Allan Jones, Charles Winninger, Paul Robeson, Helen Morgan, Helen Westley, Queenie Smith, Sammy White, Donald Cook, Hattie McDaniel |
version précédente | "Show Boat" de Harry A. Pollard, 1929, États-Unis |
version suivante | "Show Boat" de George Sidney, 1951, États-Unis |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Évidemment, il faut aimer ce genre de film et d'histoire, mais si on se laisse aller, rien qu'un peu, alors, c'est merveilleux.
Extrait de la chronique du 3 mai 2017 de Bertrand Tavernier
On peut trouver en zone 1 le DVD de "Show Boat" (1936) de James Whale qui est à notre avis son chef-d'œuvre, un mélodrame à la fois intense et ample, fiévreux et tranquille. Ce bateau à roue qui descend le Mississippi en présentant divers spectacles catalyse sur 40 ans, divers sujets, histoires d'amour et de rivalités, drames familiaux, conflits sociaux et raciaux, enracinés dans leur époque. Les auteurs de la pièce originale Oscar Hammerstein II et Jérôme Kern adaptaient un roman d'Edna Ferber et s'en prenaient aux préjugés raciaux avec une franchise très rare pour l'époque et la première, en 1927, fit sensation (1927 voit aussi la création de "Porgy and Bess")… Dans de nombreux moments, Whale parvient à imposer un lyrisme grave et le ton est beaucoup plus sombre, le propos nettement plus audacieux, que dans le remake académique dirigé par George Sidney qui faisait pratiquement passer à l'as tout le conflit racial, même si la MGM garde la fameuse scène où le shérif ayant appris que Julie (Helen Morgan, géniale chez Whale) a du sang noir et qu’elle est mariée à un Blanc, la force à quitter le spectacle et chasse le couple de l'État. Dans le remake, la séquence paraît timorée, inerte, malgré Ava Gardner, alors que Whale lui donne une conviction, une urgence incroyable qui renvoie à tous ces moments de "La Fiancée de Frankenstein" où la créature est traquée par les villageois. Le sentiment d’injustice, d’oppression est le même. On pense à des films plus contemporains comme le beau "Loving" de Jeff Nichols même si Julie est jouée par une actrice blanche. Les personnages noirs, domestiques, gardiens, comme à l’époque, sont évoqués avec respect. Durant un passage poignant montrant des comédiens imitant les Noirs, Whale cadre dans le public, assis loin derrière les Blancs, plusieurs rangées d’Africains Américains qui assistent au numéro. Whale place la caméra derrière eux et nous n'avons pas accès à leurs réactions, mais nous la sentons ainsi que le sentiment de Whale, comme d'ailleurs dans ces mouvements où la caméra, très fluide, cadre deux files très séparées de spectateurs noirs et de spectateurs blancs. Et la musique et toutes les chansons de Jérôme Kern sont magistrales avec le grandiose "Old Man River" chanté par Robeson qui ne figurait pas dans la distribution au théâtre (et là, Whale recourt à un mouvement circulaire extraordinaire et à un montage quasi expressionniste), "My Bill", chanson déchirante que transfigure Helen Morgan, "Can't Help Lovin' Dat Man", morceau bluesy où Irène Dunne est épatante.
Le titre du film
Un show boat est un bateau à roues à aubes du Sud des États-Unis, sur lequel se trouve un théâtre, une salle de bal et un casino.