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"Panic"

Panic - affiche

titre original "Panic"
année de production 2000
réalisation Henry Bromell
scénario Henry Bromell
interprétation William H. Macy, Neve Campbell, Donald Sutherland, Tracey Ullman, Barbara Bain

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Après la révélation au grand public que lui apporta, en 1996, sa prestation inouïe de meurtrier débonnaire dans "Fargo" des frères Coen, William H. Macy a enchaîné les tournages pendant les dix années qui suivirent avec quelques rôles mémorables, même si certains ne furent que secondaires. Son physique et sa personnalité si particuliers ne laissent jamais indifférents et marquent chacune de ses apparitions d’une trace originale et indélébile. En 2000, dans "Panic", sous la direction de Henry Bromell, il campe un homme d’apparence impassible dont le vernis intérieur est en train de craquer.

Alex mène une vie très conformiste avec sa femme et son jeune fils, mais en plus de son travail de fournisseur en quincaillerie, il est régulièrement appelé pour des missions très spéciales tenues secrètes. En réalité, depuis le sortir de son adolescence, il est tueur à gages comme le lui a enseigné son père Michael (Donald Sutherland) qui, à la retraite, se contente désormais de lui trouver des contrats. Ce second métier, qu’il n’a pas choisi, pèse de plus en plus sur les épaules d’Alex, qui se décide à aller chez un psychiatre. C’est alors que les choses vont sérieusement se compliquer.

Les truands et criminels chez le psy sont devenus à la mode depuis qu’un an plus tôt, David Chase avec "Les Sopranos" et Harold Ramis avec "Mafia blues" ont allongé James Gandolfini et Robert De Niro sur le divan. William H. Macy, avec sa mine de chien battu et sa soumission à un père sans affect, creuse la veine tragique plutôt que celle comique qui avait propulsé James Gandolfini jusqu’au statut de star et remis en selle la carrière de De Niro. Ce complexe d’Œdipe ressurgissant à l’âge adulte va progressivement se révéler insurmontable.

Henry Bromell, qui met ici en scène son premier et unique long métrage, est avant tout scénariste et producteur de séries télévisées. Parfaitement à son aise sur tous les aspects de la mise en scène, il construit autour du thème central des sous-intrigues, qui viennent nourrir avec acuité son propos servi par un casting de premier choix, avec à sa tête, un William H. Macy en état de grâce, épaulé par un Donald Sutherland glaçant jusqu'aux os, mais aussi Tracey Ullman et la jeune Neve Campbell révélée par la saga "Scream" (Wes Craven en 1996 et 1997). Sans oublier bien sûr Barbara Bain interprétant la mère absente d’Alex, autrefois icône sensuelle des séries "Mission impossible" et "Cosmos 1999".

Présenté en première au festival du film de Sundance, "Panic" a bénéficié de critiques élogieuses tout à fait méritées, qui n’ont bizarrement pas permis à Henry Bromell de poursuivre sa carrière de réalisateur. On ne peut que le regretter, même si Bromell aura pu s’enorgueillir jusqu'à sa mort en 2013 de n’avoir aucune tâche sur sa filmographie.