titre original | "Our Souls at Night" |
année de production | 2017 |
réalisation | Ritesh Batra |
scénario | Scott Neustadter et Michael H. Weber, d'après le roman de Kent Haruf |
photographie | Stephen Goldblatt |
musique | Elliot Goldenthal |
interprétation | Robert Redford, Jane Fonda, Matthias Schoenaerts, Bruce Dern |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Quatrième rencontre à l’écran pour Jane Fonda et Robert Redford après "La Poursuite impitoyable" d’Arthur Penn (1966), "Pieds nus dans le parc" de Gene Saks (1967) et "Le Cavalier électrique" de Sydney Pollack (1979), "Nos âmes la nuit" de Ritesh Batra relate, à partir de la dernière nouvelle éponyme de Kent Haruf, terminée juste avant sa mort en 2014, la relation de deux voisins devenus veufs qui, à l’initiative de la femme, décident d’unir leurs solitudes et de, peut-être, connaître une dernière fois l’amour.
La production du film lancée par Netflix a été favorablement accueillie eu égard aux carrières respectives des deux vétérans d’Hollywood et à la qualité de leurs trois précédentes collaborations qui devait beaucoup à l’alchimie entre les deux acteurs. Le savoir-faire reconnu d’Hollywood pour ce type de films que l’on classe quelquefois dans la nouvelle catégorie des feel good movies ou, plus explicitement, ceux qui vous vont ne pas complétement désespérer du genre humain, est ici totalement à l’œuvre. Tout l’art consiste en effet à émouvoir sans jamais franchir la ligne qui mène tout droit au pathos ou au larmoyant. Une épreuve pas si aisée qu’il peut y paraître si l’on constate la performance dans le genre des réalisateurs français, la réussissant deux fois sur dix.
Les deux acteurs particulièrement sobres semblent se retrouver avec plaisir et du coup n’ont aucun mal à rendre cette relation crédible, qui doit beaucoup au départ à l’obstination et la patience d’Addie Moore (Jane Fonda). Petit à petit, les esprits, les âmes et même les corps s’apprivoisent, faisant ressortir les blessures du passé qu’il faut bien assumer quand elles ne viennent pas vous rattraper. Le tout filmé sur un rythme approprié, qui s’accorde parfaitement à celui de ceux qui sont désormais capables de se satisfaire des choses simples et directement réalisables.
Du cinéma émouvant, mais aussi réjouissant pour l’avenir de ceux qui auront la chance d’atteindre ces âges avancés sans trop de dommages corporels. Merci donc à ces deux grands acteurs qui ont conservé leurs qualités d’interprétation intactes.