titre original | "Ninotchka" |
année de production | 1939 |
réalisation | Ernst Lubitsch |
scénario | Charles Brackett, Billy Wilder et Walter Reisch, d'après une histoire originale de Melchior Lengyel |
photographie | William H. Daniels |
musique | Werner R. Heymann |
production | Ernst Lubitsch |
interprétation | Greta Garbo, Melvyn Douglas, Ina Claire, Bela Lugosi, Sig Ruman, Felix Bressart, Alexander Granach, Gregory Gaye, Rolfe Sedan, Edwin Maxwell, Richard Carle |
remake | "La Belle de Moscou" de Rouben Mamoulian, 1957 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Aimable satire de la Russie stalinienne (en attendant Hitler dans "Jeux dangereux"), ce film est resté célèbre pour son slogan publicitaire : « Garbo rit. » Portrait d'une communiste qui découvre la supériorité de l'Occident et passe du costume-uniforme à la robe du soir très capitaliste, l'œuvre est à la gloire de Garbo.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Était-ce un reste de puritanisme politique, ou le souci de défendre Wilder contre ses détracteurs qui l'écrasaient sous les références à Lubitsch, toujours est-il que nous étions trop sévères pour "Ninotchka" dont la sophistication, l'ironie se doublent d'une lucidité politique percutante. Comme dans "Arise, My Love", autre scénario de Wilder et Brackett, la comédie s'inspire de l'actualité la plus brûlante, voire même la devance : les trois Russes qui, à la gare, croient reconnaître un "camarade" et découvrent qu'il s'agit d'un nazi (le pacte germano-soviétique fut signé en août 1939). En 1988, "Ninotchka" était toujours interdit par la censure en Finlande, ce qui tient du gag lubitschien. Son élégance d'écriture (l'évolution "politique" de Garbo évoquée par son changement d'attitude vers les chapeaux) surclasse aisément le laborieux remake musical de Rouben Mamoulian. Comme les grands auteurs comiques (Molière, Guitry), Lubitsch se livre à une défense et illustration de son art et de la comédie dans la scène désormais classique durant laquelle Melvyn Douglas essaye de faire rire Garbo en racontant l'histoire du client qui commande un café sans crème. [...] En quelques secondes, Lubitsch donne une définition de l'humour absurde, prouve sa nécessité et démontre, face à la mauvaise foi, sa fragilité.