titre original | "My Own Private Idaho" |
année de production | 1991 |
réalisation | Gus Van Sant |
scénario | Gus Van Sant |
photographie | John J. Campbell et Eric Alan Edwards |
interprétation | River Phoenix, Keanu Reeves, Grace Zabriskie, Udo Kier, Brian Wilson |
récompenses | • Coup de cœur LTC au festival du cinéma américain de Deauville 1991 (ex æquo avec "Trust Me") |
• Coupe Volpi pour River Phoenix au festival international de Venise 1991 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Jamais complaisant, le film est provocant par sa descente dans l'univers sordide de la drogue et de la prostitution masculine. Il eût pu être d'une poignance désespérée tant le personnage de Mike est émouvant - son errance, sa quête et sa chute étant fort bien rendues par l'interprétation de River Phoenix. Il est dommage que la réalisation de Gus Van Sant ne soit pas à l'unisson, son style "à l'épate" étant d'une ostentation inutile et agaçante (nuages qui roulent dans le ciel en accéléré, couvertures de magazines gays qui s'animent, cadrages alambiqués...). Une scène cependant est bouleversante (parce que filmée de façon simple) : la déclaration d'amour de Mike à Scott auprès d'un feu de bois.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Méditation aussi étrange qu'ambitieuse sur le déracinement et l'errance, la chute et le rachat, l'usage du pouvoir et l'incertitude des rapports humains, le troisième film de Gus Van Sant amalgame en un collage audacieux envolées oniriques, scènes, très crues, de la vie sordide de jeunes prostitués homosexuels, et citations de Shakespeare, dont des tirades entières (tirées des deux parties d'"Henry IV") surgissent au mépris du réalisme dans la bouche des personnages (Van Sant invoque l'influence du Welles de "Falstaff" : « J'ai été frappé de voir combien les personnages de Falstaff et du prince Hal ressemblaient à ceux que j'étais en train d'écrire »). Une œuvre parfois rebutante, souvent excessive dans ses partis pris esthétiques, mais courageuse et sincère, et qui ne peut laisser indifférent. Le titre est emprunté à une chanson du groupe B-52's.