Propagande pro-soviétique américaine du début de la Seconde Guerre mondiale
titre original | "Mission to Moscow" |
année de production | 1943 |
réalisation | Michael Curtiz |
scénario | Howard Koch, d'après le livre de Joseph E. Davies |
photographie | Bert Glennon |
musique | Max Steiner |
production | Robert Buckner |
interprétation | Walter Huston, Ann Harding, Oscar Homolka, George Tobias, Gene Lockhart, Helmut Dantine, Victor Francen, Dudley Field Malone, Cyd Charisse (non créditée) |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Curieux film de propagande guerrière qui met en scène quelques-uns des grands acteurs du conflit mondial : Staline, Ribbentrop, Molotov.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Il [Michael Curtiz] se soumet aussi aux contraintes politiques du studio et signe avec "Mission à Moscou" le film le plus stalinien tourné hors de la Russie soviétique (les trotskystes sont assimilés aux nazis). Particularité amusante, tous les acteurs étrangers vivant à Hollywood sont utilisés, mais jamais selon leur nationalité : Victor Francen interprète un Soviétique, un Allemand joue un Polonais, etc.
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Jack L. Warner (sur une demande de Roosevelt) ordonne la réalisation d'une œuvre ayant pour but de valoriser le régime stalinien, nouvel allié des États-Unis.
Les procès staliniens apparaissent sains et nécessaires, le pacte germano-soviétique est excusé (Staline a évidemment été manipulé) et le gouvernement russe apparaît perpétuellement à la recherche du bonheur collectif.
Walter Huston, d'une énergie constante, argumente et proclame la droiture du grand régime face aux multiples détracteurs apparaissant dans le film.
Le Père des peuples (considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands criminels de masse de l'histoire de l'humanité) apparait sous les caméras hollywoodiennes comme un patriarche plein de mansuétude et de réflexion. Tendre grand-père au visage lumineux argumentant avec douceur la nécessité de faire fusiller les innombrables traitres qui gangrènent la Russie éternelle.
Une sacrée partie de rigolade !
Michael Curtiz et Howard Koch
"Mission à Moscou" est la quatrième et dernière collaboration du réalisateur avec le scénariste, après "La Caravane héroïque", "L'Aigle des mers" et "Casablanca". Dès la fin de la guerre, une cabale s'abattit sur Koch, laissant croire qu'il était membre du parti communiste. Il fut aussitôt licencié par Jack Warner. Le Comité des activités anti-américaines de la Chambre (HUAC) s'attaqua à lui et lui reprocha ses opinions de gauche, mentionnant à ce propos le film de Curtiz ! En 1951, son nom fut inscrit sur la liste noire des studios hollywoodiens. Il s'exila alors au Royaume-Uni où il retrouva d'autres auteurs blacklistés comme lui et ne revint aux États-Unis qu'après plusieurs années.