Denzel Washington is Malcolm Little
titre original | "Malcolm X" |
année de production | 1992 |
réalisation | Spike Lee |
scénario | Spike Lee |
photographie | Ernest R. Dickerson |
musique | Terence Blanchard |
montage | Barry Alexander Brown |
interprétation | Denzel Washington, Angela Bassett, Spike Lee, Craig Wasson, John David Washington |
récompense | Ours d'argent du meilleur acteur pour Denzel Washington au festival de Berlin 1993 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Film-fleuve, typiquement hollywoodien ; une hagiographie qui conduit à effacer les zones d'ombre de la carrière de Malcolm Little devenu X pour symboliser la perte de son identité africaine. Bonne performance de Denzel Washington dans le rôle-titre. Mais l'œuvre elle-même fut critiquée à la fois par les conservateurs blancs et par les extrémistes noirs.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Ni hagiographie respectueuse à la "Gandhi", ni brûlot révolutionnaire, l'immense fresque que Spike Lee consacre à son idole (« Je suis un de ceux dont il a transformé et amélioré la vie ») reprend les schémas familiers propres à l'évocation des héros-martyrs, mais leur insuffle une vitalité, une force de conviction peu communes. La richesse, la diversité de l'itinéraire de Malcolm, de la délinquance au messianisme, de conversions en révoltes et rejets idéologiques, fournit au cinéaste une ample matière picaresque, dans laquelle il puise avec délectation. Son film est un hommage (ni imitatif, ni parodique) à divers genres traditionnels : le biopic, bien entendu, mais aussi le film de gangsters (dans la première partie), le film de prison (dans la seconde), la comédie musicale (la magnifique séquence d'introduction, très minnellienne ; les scènes au Roseland Ballroom...). Mais Lee ne cherche pas, dans la deuxième moitié du film, à minimiser l'importance de la vocation politique de cet homme de discours (plus que d'action) que devient Malcolm après sa conversion à l'islam et sa prise de conscience de son rôle de leader : les déclarations publiques du héros deviennent de plus en plus nombreuses, de plus en plus longues, citant verbatim ou paraphrasant des discours réels. Audace exceptionnelle, et payante, Lee fait alterner des plans d'archive de Malcolm et des plans de Denzel Washington prononçant le même discours : loin d'être choqués par le contraste entre réalité et fiction, nous restons stupéfaits par l'osmose qui se crée entre elles (l'extraordinaire interprétation de Denzel Washington y est pour beaucoup). Autre audace, Lee, conscient de l'indifférence de la masse du jeune public noir actuel à l'égard des grandes figures charismatiques des années cinquante-soixante, établit un lien métaphorique entre passé et présent, évoquant le tabassage de Rodney King dans l'introduction et le combat de Nelson Mandela en Afrique du Sud dans sa conclusion.