titre original | "Lone Star" |
année de production | 1996 |
réalisation | John Sayles |
scénario | John Sayles |
montage | John Sayles |
interprétation | Chris Cooper, Kris Kristofferson, Matthew McConaughey, Elizabeth Peña |
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Aller-retour entre un Vieil Ouest composé d’assassins et une Amérique moderne toujours désireuse de se raccrocher à des légendes… qui n’ont jamais existé.
En shérif remontant vers ses propres racines, Chris Cooper est absolument admirable de fatalisme muet. À la recherche du vrai visage d’un père (Matthew McConaughey, étonnant), il se retournera vers une femme (Elizabeth Peña, magnifique) qui finira inexorablement par le rejeter.
John Sayles propose une vaste et brillante galerie de personnages (hilarant Gordon Tootoosis, délectable Frances McDormand…). Mais les vérités ne tarderont pas à faire surface, laissant notre ‘héros’ le plus souvent interloqué et dubitatif face aux mensonges liés au rêve américain.
Kris Kristofferson, dans un contre-emploi hallucinant, trouva le rôle de sa vie en shérif violent et fasciste.
Casting exceptionnel pour l’un des plus beaux scénarios du cinéma américain.
Un chef-d’œuvre magistral.
Extrait de la chronique de Bertrand Tavernier du 7 mars 2012
Sans doute, jusqu’à présent, le chef-d’œuvre de John Sayles et l’un des très rares films où la moindre péripétie, le moindre rebondissement sont vus avec un regard neuf, semblent ne rien devoir à personne. Tout comme cette scène qui démystifie l’histoire de Fort Alamo et remet tout en perspective. Le scénario avec ses intrigues entremêlées, la multitude des personnages, tous vivants et intéressants, ses ruptures spatio-temporelles, est à la fois complexe et incroyablement fluide. Les flashes back sont amenés avec autant d’élégance que d’évidence et le récit coule, comme une rivière, vers une conclusion qu’on ne devine pas. Cette enquête sur un meurtre vieux de 30 ans, relie passé et présent, montre qu’on ne peut échapper au poids de l’Histoire, révèle le poids du nationalisme, des préjugés raciaux, du révisionnisme social, des conflits de génération, de la censure. Le tout traité avec subtilité, sans jamais donner l’impression d’une œuvre à thèse où l’auteur impose ses vues et ses idées. Au contraire, tout semble organique, couler de source. Le film magistralement écrit, brillamment dialogué, avec acuité, ironie et concision, s’impose comme l’un des meilleurs – sinon le meilleur – scénarios de la décennie. La dernière scène et la dernière réplique sont anthologiques. Sayles filme avec invention, intelligence, respectant ses personnages sans jouer au plus malin, épousant le rythme intérieur d’acteurs époustouflants : le génial Chris Cooper, Elizabeth Pena, Kris Kristofferson.
John Sayles et Kris Kristofferson
"Lone Star" est la première collaboration du réalisateur avec l'acteur, qu'il retrouvera trois ans plus tard pour "Limbo".