titre original | "Widows" |
année de production | 2018 |
réalisation | Steve McQueen |
scénario | Steve McQueen et Gillian Flynn |
photographie | Sean Bobbitt |
musique | Hans Zimmer |
interprétation | Viola Davis, Liam Neeson, Michelle Rodriguez, Robert Duvall, Colin Farrell, Cynthia Erivo, Lukas Haas |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
À l'heure de #MeToo, il n'est sans doute pas étonnant de voir sortir sur les écrans un film de braquage exclusivement féminin. L'égalité se place désormais à tous les niveaux, même les moins recommandables. L'honneur est toutefois sauf, puisque les trois femmes en question sont poussées à la faute suite à la mort de leurs maris, eux-mêmes braqueurs décédés dans l'explosion de leur fourgon lors de leur dernier coup. Le butin parti en fumée appartient à un gang, dont le chef vient réclamer à Veronica Rawlings (Viola Davis), femme du chef des braqueurs (Liam Neeson), la restitution dans un délai très bref sous peine de représailles sévères.
"Les Veuves" a été inspiré à Gillian Flynn, romancière et scénariste américaine ayant déjà travaillé avec David Fincher ("Gone Girl"), par la série britannique "Widows". C'est Steve McQueen qui a été aussitôt pressenti pour la mise en scène. Le réalisateur anglais, plutôt orienté vers les sujets à dimension sociopolitique, se lance pour la première fois dans le film de genre. Doté d'un budget confortable que lui vaut le succès critique et commercial de "12 Years a Slave" (Oscar du meilleur film en 2014), il dispose d'un casting à la hauteur des ambitions du film, qui entend dépasser quelque peu les canons du genre (recrutement de l'équipe, préparatifs et exécution) tout en les respectant via l'introduction d'une sous-intrigue tournant autour de l'élection du fils (Colin Farrell) d'un potentat local (Robert Duvall). L'entrelacs des deux intrigues n'était pas évident au départ, mais McQueen et Flynn parviennent à respecter un juste équilibre, et surtout à connecter les deux affaires de manière à peu près crédible.
Si le film se revendique féministe, on pourra remarquer que son titre définit les membres du casse en fonction de leur relation à leur époux. Une petite faute de goût vite rattrapée grâce au rythme imprimé par le scénario, qui nous réserve un retournement final plutôt jouissif concernant Liam Neeson à contre-emploi, mais aussi grâce à la bonne gestion des temps forts par Steve McQueen, qui confirme, avec ce premier film de genre, sa dextérité technique et la ductilité de son art.