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"Les Moissons du printemps"

titre original "Racing with the Moon"
année de production 1984
réalisation Richard Benjamin
scénario Steve Kloves
photographie John Bailey
musique Dave Grusin
interprétation Sean Penn, Elizabeth McGovern, Nicolas Cage, Crispin Glover, Michael Madsen

La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

Premier scénario filmé de Steve Kloves. Bien avant l’Amérique des spectacles ("Susie et les Bakers Boys") et celle des perdants ("Flesh and Bone"), Kloves peignait une Amérique rêvée : celle des premières amours, des étreintes dans les lacs secrets, des personnages à la Norman Rockell. On passera à côté du titre français ridicule (l’intrigue se déroulant durant l’hiver 1942…), car "Racing with the Moon" distille une douce musique transcendée par le raffinement de son traitement.

Photo de John Bailey ravivant les flammes du technicolor, mise en scène sèche de Richard Benjamin (c’est son meilleur film avec "My Favorite Year") et parfaite interprétation des jeunes acteurs (Sean Penn, Elizabeth McGovern et Nicolas Cage), Crispin Glover faisant une apparition remarquée en fils de riche et Michael Madsen en blessé de guerre. Elizabeth McGovern, qui venait de terminer "Il était une fois en Amérique", reste l’incarnation idéale du charme suranné.

Pourtant, çà et là, la madeleine proustienne s’effrite en laissant apparaître quelques arrière-goûts amers : le coup de canne gratuit d’un vieillard, le vol des bijoux, l’avortement et ses conséquences, la dispute des amis de toujours…

Benjamin et Kloves ponctuent leur récit par l’apparition d’une majestueuse locomotive, métaphore visuelle héritée du muet et symbolisant les étapes de la vie.

Totalement ignoré à sa sortie, car expédié comme un remake d’"Un été 42" de Mulligan, "Racing with the Moon" ne fut remarqué que par Christian Viviani de Positif : « (…) Il s’agit d’une œuvre délicate, aux nuances secrètes (…) Dans Racing, il ne s’agit pas tant de surprendre que de fixer : par une technique différente, l’Americana aussi poursuit, à sa façon, le mythe proustien. » (Positif no 285, novembre 1984)