Menu Fermer

"Le Prix du silence"

Le prix du silence - affiche

titre original "Nothing But the Truth"
année de production 2008
réalisation Rod Lurie
scénario Rod Lurie
interprétation Kate Beckinsale, Matt Dillon, Angela Bassett, Alan Alda, Vera Farmiga, David Schwimmer, Courtney B. Vance, Noah Wyle

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Rod Lurie est le fils de Ranan Lurie, dessinateur de presse politique israélien exilé aux États-Unis. Après un passage à l'Académie militaire de West Point, il se lance dans la critique cinématographique pour des magazines réputés comme le New York Daily News, Premiere ou Movieline, avant de finir pas embrasser la carrière de réalisateur-scénariste. De son père, il a hérité un intérêt prononcé pour la politique. La plupart de ses films seront dès lors portés par des sujets forts et polémiques.

"Le Prix du silence", son cinquième long métrage, lui a été inspiré par l’affaire Judith Miller/Valérie Plame qui, en 2005, avait vu une journaliste inculpée, puis emprisonnée pour avoir refusé de donner ses sources après avoir prouvé, dans un de ses articles, que derrière une romancière à succès, se cachait un agent de la CIA. Rod Lurie s’empare du sujet en le tordant aux entournures pour lui donner la tonalité d’un thriller. Après une entame quelque peu confuse, les enjeux se mettent rapidement en place, permettant à Lurie de dérouler une intrigue prenante à la conclusion surprenante, tendant à démontrer que la gent féminine n’a rien à envier à sa consœur masculine quand il s’agit de faire preuve d’avidité pour sortir de l’anonymat et récolter son moment de gloire.

Kate Beckinsale, alors au fait de sa courte période de grande popularité ("Pearl Harbor", "Underworld", "Aviator"), incarne avec justesse la journaliste prête à tout pour décrocher le Pulitzer. Lui fait face la formidable Vera Farmiga, qui incarne l’agent de la C.I.A. démasquée, dont la vie va être brisée par la révélation de son activité secrète.

On a reproché au film certaines de ses incohérences, notamment la proximité factice des deux « belligérantes », dont le fils et la fille fréquentent la même école. On a vu bien pire dans le genre, et Rod Lurie use à dessein de ses artifices pour mener un suspense qu’il maîtrise parfaitement de bout en bout, tout en relevant certaines évidences qu’il ne serait sans doute pas bon d’exposer douze ans plus tard. À leurs côtés, Alan Alda, complètement à contre-courant en avocat égocentrique dissertant à tout moment de la qualité et surtout du prix de sa garde-robe, est impeccable comme toujours. Matt Dillon, quant à lui tout en onctuosité intéressée, est la représentation parfaite du haut fonctionnaire zélé qui aurait été tout aussi à l’aise pour mener ses interrogatoires devant le HUAC (House Un-American Activités Committee) du tristement célèbre sénateur Joseph McCarthy.

Du cinéma qui, sans être renversant, se révèle de très bonne facture, mais qui malheureusement semble avoir de moins en moins d’adeptes (le film a été un sévère échec commercial).

Rod Lurie et Sarah Boyd

"Le Prix du silence" est la deuxième collaboration du réalisateur israélien avec la monteuse américaine, après "Renaissance d'un champion" (2007). Suivra "Chiens de paille" (2011), le remake du film de Sam Peckinpah.