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"Le Fleuve sauvage"

Le fleuve sauvage - affiche

titre original "Wild River"
année de production 1960
réalisation Elia Kazan
scénario Paul Osborn, d'après les romans de William Bradford Huie et Borden Deal
photographie Ellsworth Fredericks
musique Kenyon Hopkins
production Elia Kazan
interprétation Montgomery Clift, Lee Remick, Jo Van Fleet, Barbara Loden

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Échec public, le plus souvent vertement accueilli par la critique, "Le Fleuve sauvage" a déconcerté son public. Ce que tous lui reprochent, c'est son ambiguïté gênante. Certes, on n'imagine pas d'emblée Montgomery Clift, son visage d'ange recousu marqué par le poids de conflits intérieurs, dans le rôle du héros positif américain luttant victorieusement contre l'obscurantisme d'un bas peuple attardé. Mais les ingénieurs n'ont-ils pas droit eux aussi à une âme ? On a reproché aussi à Kazan de ne pas avoir su choisir son camp. Il semble en effet accorder un crédit équivalent aux arguments d'Ella Garth (interprétée avec une grande force de conviction par l'exceptionnelle Jo Van Fleet), obstinément mais sincèrement attachée à sa terre, qu'à ceux de Chuck, qui promet l'arrêt des crues et une meilleure irrigation des cultures. Serait-il donc interdit à Kazan de respecter à la fois celle qui défend les droits de l'individu et celui qui lutte pour ceux de la collectivité ? Si le réalisateur avait clairement indiqué où allaient ses préférences, on l'eût sans nul doute accusé de manichéisme grossier. Car, au-delà des courants de pensée, ce qui intéresse Kazan, c'est l'homme et ses rapports avec autrui. Dépassant le cinéma engagé qui a été le sien plus tôt dans sa carrière et qui décide de qui a tort et de qui a raison, Kazan a fait du "Fleuve sauvage" une œuvre humaniste. N'imposant aucune certitude, le réalisateur fait coexister dans son film libéralisme et réaction, amour de la nature et suprématie du génie humain, éloge de Roosevelt et description un peu attendrie du Deep South. Dans ce monde complexe, seuls comptent les rapports frémissants ou paroxystiques entre créatures de chair et de sang.

Des romans à l'écran

"Le Fleuve sauvage" est l'adaptation cinématographique de deux romans : "Dunbar's Cove" (1957) de l'écrivain américain Borden Deal (1922-1985) et "Mud on the Stars" (1942) de l'écrivain américain William Bradford Huie (1910-1986).

"Le Fleuve sauvage" est la deuxième adaptation pour le cinéma d'une œuvre de fiction de Huie, après "Bungalow pour femmes" (1956) de Raoul Walsh, d'après le roman "The Revolt of Mamie Stover" de 1951. Suivront "Les Jeux de l'amour et de la guerre" (1964) de Arthur Hiller, d'après le roman "The Americanization of Emily" de 1959, et "L'Homme du clan" (1974) de Terence Young, d'après le roman "The Klansman" de 1967.

Le fleuve sauvage - affiche italienne
Affiche italienne du "Fleuve sauvage"

Le fleuve sauvage - générique