Menu Fermer

"La Sentinelle"

La Sentinelle - affiche

titre original "Dying of the Light"
année de production 2014
réalisation Paul Schrader
scénario Paul Schrader
photographie Gabriel Kosuth
musique Frederik Wiedmann
interprétation Nicolas Cage, Anton Yelchin, Irène Jacob

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Nicolas Winding Refn producteur, Paul Schrader réalisateur et Nicolas Cage acteur, une association bien improbable qui permet au neveu de Francis Ford Coppola d'empiler une composition anachronique de plus dans le bestiaire que constitue désormais sa filmographie. Nicolas Cage est tout bonnement en train de devenir le Vincent Price du film d'action. Le génie en moins certainement, mais avec la même constante implication, le même sens de l’auto-dérision et aussi la même folie, ne lui faisant jamais craindre le ridicule. Sous la houlette de Paul Schrader, qui désormais se contente de s'appuyer sur sa renommée et son expérience, il campe dans "La Sentinelle" un vétéran de la C.I.A. revenu très amoché de sa lutte contre le djihadisme, présentant tous les signes d'une démence précoce à l'issue fatale.

Il faut voir Nicolas alias Evan Lake traîner sa grande carcasse usée, sa main tremblotante et son oreille coupée, dans les couloirs de la C.I.A., errant comme une âme en peine en quête d'une dernière mission avant d'accepter une retraite où l'attend un aller sans retour au paradis des espions. Un délice de composition comme en délivrait autrefois le grand Price ou Peter Lorre dans les films bis de Roger Corman ou de Robert Fuest, cabotinant à qui mieux mieux face à la caméra pour des clins d'œil malicieux à leurs fidèles spectateurs.

Certains trouveront sans doute tout cela inutile, voire dispendieux, et ils n'auront peut-être pas tort. Mais que serait la vie sans ces matamores qui, vaille que vaille, font le job jusqu'à leur dernier souffle ? Nicolas Cage est assurément de cette race-là, et il a encore de belles années devant lui pour un jour incarner un espion cacochyme cachant son colt sous la couverture écossaise recouvrant sa chaise roulante.

Avec "La Sentinelle", on est certes loin du meilleur Paul Schrader, qui n'a plus la force de délivrer des messages aussi puissants que dans ses réussites majeures que furent "Blue Collar" (1978) ou "Hardcore" (1979) , mais si l'on veut bien se laisser aller, on peut passer un bon moment à suivre cette traque d'un vieil ennemi qui ne veut pas mourir. À réserver donc aux fans de Nick Cage, comme le nomment ses partenaires admiratifs devant la longévité et le professionnalisme du bonhomme.