Le 6e jour du 6e mois de la 6e année
titre original | "The Omen" |
année de production | 1976 |
réalisation | Richard Donner |
scénario | David Seltzer |
photographie | Gilbert Taylor |
musique | Jerry Goldsmith |
interprétation | Gregory Peck, Lee Remick, David Warner, Billie Whitelaw, Harvey Stephens |
récompense | Oscar de la meilleure musique originale |
remake | "La Malédiction" de John Moore, 2006 |
suites | • "Damien, la Malédiction II" de Don Taylor, 1978 |
• "La Malédiction finale" de Graham Baker, 1981 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Après le succès de "L'Exorciste", on reprit les mêmes ingrédients : grands acteurs, gros moyens et sujet sur les forces du mal. Et à nouveau grosses recettes pour ce film, bien fait, mais sans véritable originalité et qui devait avoir deux suites.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
En 1976, la carrière de Richard Donner est plutôt encalminée. À 46 ans, après avoir principalement œuvré pour la télévision, le futur réalisateur de "Superman" et de la saga "L'Arme fatale" vient d’essuyer deux échecs pour ses débuts sur grand écran. Le choc que fut en 1973 "L’Exorciste" de William Friedkin arrivé après le non moins célèbre "Rosemary’s Baby" (1968) de Roman Polanski déclenche un enthousiasme des producteurs pour tout ce qui touche au surnaturel et au satanisme notamment concernant de jeunes enfants. L’idée du producteur Harvey Bernard de tourner un film autour du thème de l’Antéchrist, soufflée par son ami Bob Munger, n’a donc guère eu de mal à convaincre la Fox d’entrer dans la partie.
C’est David Seltzer qui se voit confier l’écriture du scénario. L’ambassadeur des États-Unis à Rome et sa femme vont être victimes d’une manipulation lors de l’accouchement de cette dernière, qui leur verra se voir confier le fils de Satan. Rien que ça ! C’est Gregory Peck, alors sur le déclin, qui endosse le rôle de l’ambassadeur après que William Holden, Charlton Heston et Roy Scheider se soient désistés. Son infortunée épouse est interprété par la trop sous-estimée Lee Remick. Les producteurs jouent sur du velours, les spectateurs étant à l’époque en demande pour aller frissonner dans les salles obscures.
Pourtant, le film, qui ne sort pas beaucoup des jalons posés par les films phares cités plus haut, souffre grandement de la comparaison avec ses deux prestigieux aînés. Là où Polanski et Friedkin, dans des styles très différents, avaient su distiller une ambiance claustrophobe et malsaine pour l’un, terrifiante et mystique pour l’autre, Richard Donner frôle assez souvent le grotesque. Le jeune Harvey Stephens incarnant Damien inonde l’écran de grimaces outrancières, qui donnent plutôt l’envie au spectateur de lui botter les fesses, là où l’inoubliable Linda Blair ("L’Exorciste") faisait de la petite Regan une victime tout à la fois repoussante par ses outrances ordurières et bouleversante par son combat désespéré contre une force qui la submerge. Gregory Peck, qui semble plutôt mal à l’aise dans un domaine qu'il n’arrive visiblement pas à investir, paraît soudain vieilli et sans grande conviction.
Heureusement, David Warner, solide acteur anglais qui interprète le journaliste cherchant à comprendre les événements morbides déclenchés par Damien, et surtout Billie Whitelaw, qui joue sa nourrice diabolique, viennent très avantageusement combler les manques d’une intrigue n’ayant pas vraiment d’ossature. Richard Donner, à la caméra un peu flottante, se contente de filmer assez platement les quelques moments forts constitués par les morts violentes qui jalonnent le film.
À sa sortie, "La Malédiction" a recueilli un énorme succès, sans aucun doute dû à l’appétit frustré du public qui n’avait pas eu grand-chose à se mettre sous la dent depuis "L’Exorciste". Les années qui ont passé sont malheureusement impitoyables. Le film de Friedkin, somptueux, est devenu culte, alors que l’on ne parle presque plus de "La Malédiction", qui se regarde désormais comme une petite série B sympathique, mais sans âme.
Le générique du film conçu par National Screen Service
La chronique de Gilles Penso