titre original | "The End of the Affair" |
année de production | 1999 |
réalisation | Neil Jordan |
scénario | Neil Jordan, d'après le roman de Graham Greene (1951) |
photographie | Roger Pratt |
musique | Michael Nyman |
interprétation | Ralph Fiennes, Stephen Rea, Julianne Moore, Jason Isaacs |
version précédente | "Vivre un grand amour", Edward Dmytryk, 1955, Grande-Bretagne |
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Radicales réactions de la presse de l'époque : entre passions enflammées (Le Monde, Télérama, Les Échos…) et sarcasmes méprisants (Première, Studio, Cahiers du Cinéma…), "La Fin d'une liaison" déchaîna les passions… critiques. Édifiants écrits qui en apprirent bien plus sur leurs auteurs respectifs que sur le film lui-même.
Que reste-t-il de cette œuvre qui se voulait la digne héritière de "La Leçon de piano" et du "Patient anglais" ? Que reste-t-il d'une projection inoubliable perdue dans un hivers parisien antédiluvien ?
L'une des meilleures adaptations de Graham Greene au cinéma… ou les images, hantées et somptueuses, de Roger Pratt. « Jordan et son chef opérateur, Roger Pratt, filment une ville qui chatoie doucement sous la pluie, un espace de rêve où même les bombardements font surgir des merveilles. » Une sensualité très catholique, Thomas Sotinel, Le Monde, 5 avril 2000
Entre passé (Londres dévastée par le Blitz) et présent (temps de paix insipide de l'après-guerre), c'est un film de fantôme où un homme égoïste poursuit l'ombre d'une femme insaisissable, objet de désir et de haine se dématérialisant peu à peu dans la brume, avant de disparaître à jamais.
« Il fallait être Graham Greene, romancier catholique hanté par la recherche d'absolu, pour imaginer un tel personnage ! Si belle, dans sa passion, son obsession du péché, sa quête de pureté, sa Sarah excessive, dans son renoncement, est suprêmement romantique. » Passion interdite, Annie Coppermann, Les Échos, 6 avril 2000
Les belles scènes sensuelles laissent peu à peu la place à un cheminement intérieur, secret, métaphysique et dont l'admirable mise en scène accentue encore la portée, Neil Jordan maîtrisant les ruptures de ton, les brusques sauts dans le temps, les ellipses.
« La Fin d'une liaison évoque la foi, telle que la concevait Graham Greene. Quelque chose d'inexorable, d'obsédant (comme la musique de Michael Nyman), opposant sa douceur et parfois sa cruauté à tous les rejets, tous les regrets. » La Fin d'une liaison, Pierre Murat, Télérama no 2621, 5 avril 2000
Entourée d'une distribution remarquable (Ralph Fiennes, Stephen Rea, Jason Isaac et un étonnant Ian Hart), Julianne Moore irradie. Passant de la passion dévorante aux affres spirituelles intenses, adoptant la diction d'une véritable Lady avec une confondante véracité (Moore étant pourtant originaire de Caroline du Nord), l'actrice est perpétuellement gracieuse, élégante, brûlante.
Un rôle magnifique. Une grande œuvre mystique.
