titre original | "The Sting" |
année de production | 1973 |
réalisation | George Roy Hill |
scénario | David S. Ward |
photographie | Robert Surtees |
montage | William Reynolds |
musique | Marvin Hamlisch |
direction artistique | Henry Bumstead |
costumes | Edith Head |
interprétation | Paul Newman, Robert Redford, Robert Shaw, Charles Durning, Eileen Brennan, Harold Gould, Ray Walston, Robert Earl Jones, Dimitra Arliss |
récompenses | • Oscar du meilleur film |
• Oscar du meilleur réalisateur | |
• Oscar du meilleur scénario original | |
• Oscar de la meilleure direction artistique | |
• Oscar de la meilleure création de costumes | |
• Oscar de la meilleure adaptation musicale | |
• Oscar du meilleur montage |
La critique de Pierre
J'avais détesté "Butch Cassidy et le Kid", du même George Roy Hill et avec les mêmes Paul Newman et Robert Redford, sorte de tentative prétentieuse de mixer "Jules et Jim" avec le western ricain (je déteste les histoires de triangles amoureux). "L'Arnaque", c'est à la fois moins prétentieux et bien mieux.
Beaux acteurs, bon scénario bien ficelé, belle reconstitution, belle musique ragtime : ça se mate avec grand plaisir. C'est un peu le "Ocean's eleven" des années 70.
Évidemment, c'est un peu futile et ça ne laisse pas un immense souvenir, d'où tout de même un grand étonnement de voir la pluie d'Oscars remportée, dont un du meilleur film complètement injustifié ("L'Exorciste" était nominé cette année-là, tout de même). Mais le temps que ça dure, on passe un excellent moment.
Dommage qu'on voit un peu trop Redford par rapport à Newman, tellement plus beau et classe !
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
“L’Arnaque” est un des classiques du studio Universal, unanimement récompensé aux Oscars de 1974 avec sept statuettes, dont les deux plus prestigieuses de meilleur film et de meilleur réalisateur. Quoiqu’un peu daté, le film fait toujours son effet, grâce au duo magique de "Butch Cassidy et le Kid" (1969) déjà dirigé par George Roy Hill et rapidement reconstitué une fois que Redford et Roy Hill furent entrés dans la danse.
Le scénario écrit par David S. Ward, alors tout jeune scénariste, donne la part belle à l’alchimie des deux acteurs vedettes qui avait déjà fait merveille trois ans auparavant. Sans doute un peu trop âgé pour jouer le rôle du novice, Redford a un peu de mal à rendre crédible son personnage d’escroc de petite envergure dans l’entame du film qui parait avec le recul un peu artificielle et empesée avec des enchaînements téléphonés.
C’est donc avec impatience que l’on attend l'arrivée de Paul Newman afin que le film décolle enfin du rythme de sénateur qu'il semble vouloir emprunter. À croire que les deux hommes étaient vraiment faits pour s'entendre, car aussitôt réunis, l'étincelle fait démarrer la machine brinquebalante. George Roy Hill semble soudain beaucoup plus à son affaire, et l'on prend presque autant de plaisir que les protagonistes à voir l'arnaque se monter dans l’allégresse.
Le plaisir est encore renforcé avec l'apparition de Robert Shaw, le gogo de l'affaire qui est vraiment impayable en méchant de service, mélange savant entre méfiance, cruauté et naïveté. Quand on pense que le grand acteur britannique shakespearien avait failli louper le tournage après s'être gravement foulé la cheville, on se dit que Hill a eu le bon réflexe d'utiliser son boitillement pour accentuer le ridicule du personnage. Shaw, trop tôt disparu (crise cardiaque en 1978), aura malgré tout encore le temps de nous enchanter deux ans plus tard avec son rôle le plus célèbre du chasseur de requins bourru des "Dents de la mer".
Dès lors, rien ne va plus venir entraver la bonne marche du scénario qui nous tient en haleine dans l'attente de comprendre jusqu'où tous ces bonhommes qui s'amusent comme des gamins vont pouvoir mener la supercherie.
Mélomane, Hill a eu aussi la bonne idée de demander au compositeur Marvin Hamlisch d’utiliser le rythme primesautier du ragtime pour accompagner de manière ludique les différentes étapes de l’entourloupe malgré le décalage temporel (le film se déroule en 1936 alors que le ragtime de Scott Joplin date du début du XXe siècle).
Paul Newman, enfin débarrassé des tics de l’Actors Studio et arrivé à la maturité de son jeu depuis "Luke la main froide" (Stuart Rosenberg, 1967), livre une prestation en tout point remarquable, entraînant toute la troupe d’acteurs derrière lui, à l’image de son personnage Henry Gondorff qui orchestre seul les moindres détails de cette arnaque magnifiquement huilée. Le duo qu'il forme avec son ami Robert Redford est parfaitement dans la lignée fantaisiste et charismatique de celui de "Butch Cassidy et le Kid".
Il faudrait vraiment être mauvais coucheur pour ne pas être séduit par tant d’entrain et de maîtrise. Pour couronner le tout, David S. Ward, qui avait pris le parti de rendre le spectateur complice durant tout le film, termine par une pirouette, nous montrant que décidément, Henry Gondorff est capable de manipuler tout le monde, et ce, jusqu’à la dernière minute.
Quand on voit Newman et Redford quitter l’écran côte à côte, on les imagine forcément partant vers de nouvelles aventures. Si les deux hommes ont retravaillé par la suite avec George Roy Hill, ce sera séparément : Redford tout d’abord pour "La kermesse des aigles", un an après "L’Arnaque", Newman ensuite pour "La Castagne". Jamais ce trio magique ne sera réuni à nouveau, même si les rumeurs ont longtemps laissé imaginer que des projets étaient en chantier. C’est à coup sûr un des regrets cinématographiques, que nous auront laissés les deux dernières décennies du XXe siècle. Quant à "L’Arnaque", il faut bien sûr le prendre comme un pur divertissement et s’il doit être considéré comme un chef-d’œuvre, c’est bien à ce titre.
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
On reprend le couple de "Butch Cassidy et le Kid" et on le lance dans le Chicago des années 1930. Tout le monde connaît son métier sur le plateau et cela donne un film bien fait, couronné de 7 Oscars, mais qui ne vaut pas les bons "policiers" de série B.