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"Kodachrome"

Kodachrome - affiche

titre original "Kodachrome"
année de production 2017
réalisation Mark Raso
scénario Jonathan Tropper
photographie Alan Poon
musique Agatha Kaspar
interprétation Ed Harris, Jason Sudeikis, Elizabeth Olsen, Bruce Greenwood, Dennis Haysbert

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

"Kodachrome" comme le nom de la célèbre pellicule de la marque Kodak du temps de la photo argentique, ou comme la chanson de Paul Simon extraite de son album "There Goes Rhymin’ Simon", sorti en 1973.

Le film éponyme réalisé en 2017 par Mark Raso s’inspire d’un article publié en 2010 dans le New York Times au sujet du photographe Steve McCurry qui, apprenant que Kodak va abandonner la production de son célèbre film, demande à la firme de lui réserver le dernier rouleau, afin qu’il puisse graver dessus 36 photos mémorables qui célébreront la pellicule qui a fait sa renommée.

Ed Harris interprète donc un photographe de réputation mondiale complétement inventé pour le film qui, se sachant condamné par un cancer du foie, entreprend de faire le voyage à Parsons dans le Kansas pour y développer, dans le dernier laboratoire labellisé Kodachrome en fin d’activité, un vieux film qu’il tient à voir exposé après sa mort. Il demande à son fils (Jason Sudeikis), qu’il n’a pas vu depuis dix ans, de l’accompagner pour ce dernier voyage. Le fils, producteur de musique indépendant en difficulté, a toujours vécu dans l’ombre de son père, dont l’absence et l’égocentrisme ont nui au développement de son estime de soi et de la confiance qui en découle.

Passées la présentation un peu convenue des personnages et la difficile acceptation de ces retrouvailles, s’engage un road movie assez décapant, durant lequel Ben Ryder (Ed Harris), malgré sa position de faiblesse, semble vouloir régler ses comptes avant de quitter ce monde. La visite chez son frère (Bruce Greenwood) et sa femme (Wendy Crewson), qui ont élevé son fils unique à la mort de sa mère, est particulièrement éprouvante, montrant un homme ne voulant pas céder un pouce de terrain vis-à-vis de ceux qu’il pense à tort être ses contempteurs. S’assumer jusqu’au bout, même dans le mépris, telle semble être la ligne de conduite d’une vie passée à ne pas regarder autour de soi.

Parfaitement interprété par Ed Harris, dont la palette de jeu étendue s’accorde fort bien à ce rôle plutôt antipathique, "Kodachrome", malgré l’idylle un peu mièvre qui se noue entre le fils de Ben et sa secrétaire personnelle, mène une très bonne réflexion sur le narcissisme qui mine certains jusqu’à leur dernier souffle. Ben ne trouvera le repos que quelques minutes avant de s’éteindre dans une confession, certes poignante, mais un peu vaine, car ne gommant pas les renoncements et lâchetés de toute une vie.