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"Jurassic World"

Jurassic World - affiche

titre original "Jurassic World"
année de production 2015
réalisation Colin Trevorrow
scénario d'après les personnages de Michael Crichton
photographie John Schwartzman
musique Michael Giacchino
interprétation Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Vincent D'Onofrio, Omar Sy
épisodes précédents • "Jurassic Park", Steven Spielberg, 1993
• "Le Monde perdu : Jurassic Park", Steven Spielberg, 1997
• "Jurassic Park III", Joe Johnston, 2001
épisodes suivants • "Jurassic World: Fallen Kingdom", J.A. Bayona, 2018
• "Jurassic World : Le Monde d'après", Colin Trevorrow, 2022

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Les sagas à succès ne peuvent rester indéfiniment sans suite, ainsi est écrite la table de la loi à Hollywood. En 1993, le "Jurassic Park" de Steven Spielberg avait ravi à "E.T.", du même Spielberg, la place de plus gros succès au box-office mondial de tous les temps avant de se la faire subtiliser cinq ans plus tard par le "Titanic" de James Cameron. Spielberg n’a sans doute plus l’envie ni même l’énergie pour mener un tel projet, car il sent bien au fond de lui qu’il n’y a plus grand-chose à extraire du concept initial de feu Michael Crichton. Mais il subsiste une demande plus de dix ans après le troisième opus décevant mis en scène par Joe Johnston en 2001, et le dieu Dollar réclame désormais son dû.

Comme le fait désormais son copain George Lucas pour la saga "Star Wars", Spielberg se contentera de la place rémunératrice de producteur délégué. C’est un quasi-inconnu venu de la télévision, Colin Trevorrow, qui officie à la mise en scène et collabore au scénario. Un scénario assez peu innovant, qui reprend les thématiques chères à Crichton que sont la volonté de puissance inextinguible de l’homme, son avidité vorace face à l’argent, son incapacité à se raisonner et son esprit guerrier qui finit toujours par le submerger.

Désormais la technologie de clonage est bien rodée et Jurassic World, le nouveau parc d’attraction, a relégué aux oubliettes le souvenir des déboires mortifères de la première folle tentative du milliardaire excentrique John Hammond (Richard Attenborough) qui avait fait tout le sel du premier épisode. Tout est à ce point huilé que les spectateurs commencent même à se lasser de messieurs les dinosaures qui broutent sagement dans le parc géant d’Isla Nublar (en réalité Kauai, une île de l’archipel d’Hawaï). Qui d’ailleurs se rappelle encore que ces énormes bêtes du crétacé sont en réalité une race animale disparue alors que la prochaine étape consistera peut-être à avoir chez soi un dinosaure vivant miniaturisé par la magie du clonage (un comble !).

Après un prologue, qui rappelle vaguement "Maman, j’ai raté l’avion", destiné à nous présenter les personnages de l’aventure qui se prépare, Trevorrow a le tort de nous familiariser trop longuement avec cette faune devenue inoffensive et qui, vue en plans aériens, perd grandement de sa majesté et de la crainte qu’elle nous inspirait jadis. Plus personne à Isla Nublar n’a peur des dinosaures, et nous non plus d’ailleurs ! Le mal est fait, et jamais Trevorrow ne parviendra à nous instiller ce frisson indispensable à la magie du genre. Aussi, quand viendra l'Indominus Rex, tripatouillage chromosomique conçu pour créer enfin un monstre capable de réveiller les foules, aucune vibration ne nous fera nous lever de notre fauteuil.

La présence d’Omar Sy, sans aucun doute sympathique pour le spectateur français, ne crédibilisera en rien le propos. Si Omar est là, c’est que rien de grave ne peut vraiment arriver ! N’était-il pas capable de rendre l’humeur joyeuse à un paralytique dans "Intouchables" (O. Nakach et E. Toledano, 2011) ? Pour ne rien arranger, Chris Pratt, que Trevorrow tente vaguement de faire passer pour un Indiana Jones bodybuildé (vite, ramenez-nous Harrison Ford !), n’a vraiment aucun charisme, et les deux bambins ont une tête à claques, alors que la fille de Ron Howard a beau faire ce qu’elle peut pour ressembler à Jessica Chastain, parvient à peine à être mieux que fade. Seuls les paysages sont sublimes et les dinosaures encore plus vraisemblables grâce au saut technologique réalisé en à peine plus de dix ans.

On pourra ergoter à longueur de lignes sur le manque d’audace scénaristique du projet qui n’est pas parvenu à renouveler l’esprit de la saga, le score au box-office de "Jurassic World" qui le classe à la troisième place de la meilleure recette mondiale de tous les temps aura conforté les producteurs sur le bien fondé de leur choix. Sauront-ils être plus audacieux pour "Jurassic World 2" déjà en chantier ? Rien n’est moins sûr.

Jurassic World - Matt Ferguson
© Matt Ferguson
Jurassic World - Flore Maquin
Affiche alternative © Flore Maquin

Jurassic World - générique

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