Vampire, vous avez dit vampire ?
titre original | "Dracula" |
année de production | 1979 |
réalisation | John Badham |
scénario | W.D. Richter, d'après le roman de Bram Stoker et la pièce d'Hamilton Deane et John L. Balderston |
photographie | Gilbert Taylor |
musique | John Williams |
interprétation | Frank Langella, Laurence Olivier, Donald Pleasence, Kate Nelligan, Jan Francis, Trevor Eve |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Le "Dracula" de John Badham, réalisé juste après le triomphe inattendu au box-office de "La Fièvre du samedi soir", est un film singulier qui, avec le temps, s'installe progressivement au panthéon des adaptations les plus réussies de l'œuvre de Bram Stoker. La réussite du projet initié par les studios Universal, doit beaucoup à Frank Langella qui, depuis 1977, avait repris, comme autrefois Bela Lugosi (en 1927), le rôle de Dracula dans la pièce qu'Hamilton Dean et John L. Balderston avaient tirée du roman de Stocker. En 1979, il souhaite bien sûr s'écarter des allures figées et ampoulées de Bela Lugosi, mais aussi du mutisme hiératique incarné par Christopher Lee, celui qui, pour la Hammer, a réveillé le vampire depuis longtemps endormi.
Un érotisme chatoyant sera la composante forte de l'interprétation de Langella qui, il faut le reconnaitre, est particulièrement troublante et réussie, justifiant pleinement l'envoûtement que le vampire suscite auprès de la gent féminine, tout à fait disposée à tendre son cou, et plus encore, pour accéder à un septième ciel malheureusement trompeur.
John Badham épouse parfaitement la vision de l'acteur tout en l'insérant dans un environnement qui ne trahit en rien les canons imposés par Universal depuis la période de gloire du genre au début des années 30. La présence de Donald Pleasence et de sir Laurence Olivier, qui ne se privent en aucune manière de cabotiner à qui mieux-mieux, est un régal, tout comme la photographie de Gilbert Taylor et les décors de Peter Murton. Ajoutée à tout cela, la présence des très accortes Kate Nelligan et Jan Francis réjouira les quelques récalcitrants.
Sorti la même année que "Nosferatu le vampire" de Werner Herzog et "Le Vampire de ces dames" de Stan Dragoli, le film n'aura malheureusement qu'un succès d'estime. Le temps, comme souvent, a fait son œuvre. Justice est donc rendue.
La chronique de Gilles Penso